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Un fort mécontentement chez les agriculteurs

La session de la chambre d’agriculture a été l’occasion, pour les élus consulaires, d’adresser plusieurs griefs à l’encontre de l’État.

Bilan des moissons, Pac et Bac sont quelques-unes des inquiétudes des représentants du monde agricole.
Bilan des moissons, Pac et Bac sont quelques-unes des inquiétudes des représentants du monde agricole.
© Olivier Joly

«Le mécontentement est fort» : c’est le message qu’a lancé Michel Masson, président de la chambre d’agriculture, lors de la session du vendredi 3 octobre. Dans le cadre du projet de loi de finances 2015, l’État prévoit de ponctionner les fonds de roulement des chambres d’agriculture supérieurs à quatre-vingt-dix jours afin de réaffecter les sommes correspondantes au budget général du ministère de l’Agriculture. Au niveau national, cela représente entre quatre-vingt-dix et cent millions d’euros. «Il est plus facile de ponctionner dans la poche du voisin que de faire des économies !»

La mesure envisagée trouve sa justification dans la raréfaction des moyens de la puissance publique. «Pour montrer l’exemple, nous accepterions une diminution du taux d’imposition que nous appliquons aux ressortissants de la Chambre. Mais, là, on vient confisquer le fruit d’une gestion de quinze ans qui n’est pas lié à la perception de l’impôt mais au développement des prestations de service : on sanctionne ceux qui ont bien travaillé.»

À l’échelle de l’institution loirétaine, le préjudice, selon les hypothèses qui seront retenues dans la loi de finances, est estimé entre 800.000 € et 1.400.000 €. «Cet argent n’est pas celui de la Chambre mais celui des agriculteurs et des salariés pour développer l’innovation et la compétitivité : le prélèvement que nous subirons ne sera pas neutre et le fonds de roulement ne se reconstituera pas en un an !»

 

 

Un sentiment de colère

Si, en grandes cultures, les rendements ont été corrects, la qualité de la production n’a pas été à la hauteur des espérances. Commentaire de Jean-Michel Billault, président de la C.A.PRO.GA. la Meunière : «Les utilisateurs veulent privilégier leurs clients habituels : c’est réconfortant. Toutefois, il faut maintenir le plan protéines en vue de la prochaine campagne et de notre clientèle d’Afrique du Nord.» «Si une exploitation céréalière n’est pas capable de passer une mauvaise année, cela devient difficile » a poursuivi l’orateur. Un appel à une modification du «fonctionnement fiscal et social» des entreprises. «À défaut, on va rapidement faire couler l’agriculture française.»

Quid du Pithiverais ? Président d’AgroPithiviers, Benoît Ferrière a apporté cette réponse : «On en ressent pas encore une dégradation significative des trésoreries : les exploitations sont diversifiées. Mais, l’an prochain, ce sera différent. S’agissant du sucre, les quotas vont limiter la casse mais nous n’aurons pas de complément de prix : la betterave sera moins rémunératrice.» Ces bulletins de conjoncture suscitèrent cette réaction de Michel Masson : «Après plusieurs bonnes années et une année 2013 moyenne, il n’est pas normal que les exploitations n’aient pas les moyens de subir les aléas d’une mauvaise année 2014. La nouvelle Politique agricole commune n’est pas adaptée aux challenges d’aujourd’hui et de demain. Il en est de même pour notre système fiscal et social.»

Un sentiment de «colère» animait Jean-Louis Manceau, producteur de maïs, alors que la nouvelle Pac conduira à une «ponction de 15%» des aides directes : «Le ministre est là pour aider son agriculture. Or nous n’avons pas entendu Stéphane Le Foll annoncer un report d’un an de cette ponction. » Des propos repris à son compte par le président de la chambre d’agriculture : « En principe, un gouvernement est là pour s’occuper des problèmes du pays et non de son parti politique !»

Un guide technique

Jean-Jacques Hautefeuille a jugé que les bassins d’alimentation de captages (Bac) étaient un système «lourd et coûteux se superposant à des dispositifs déjà existants». Par exemple : les zones vulnérables. «Les aires d’alimentation de captages doivent être établies avec une rigueur scientifique car cela a des conséquences sur les exploitations. » L’orateur tenait également à ce que les mesures d’application soient «négociées avec la profession».

Simone Saillant, directrice départementale des Territoires, a réagi en ces termes : «Les Bac constituent un outil idéal : nous avons affaire à un problème local et nous disposons d’outils locaux pour y faire face. Au sein du comité de pilotage, il faut que la représentation agricole soit bien calée. D’accord également pour des aires d’alimentation et un plan d’action adaptés. Mais reste la question du comment.» La représentante de l’administration s’exprima également sur l’entretien des cours d’eau : pour les fossés, «on fait ce qu’on veut». Quant aux cours d’eau, leur «entretien régulier» ne nécessite aucune autorisation préalable. Pour le reste, un guide technique vient d’être établi. «Une synthèse des propositions des différents partenaires. Or chacun est sur des demandes différentes.»

Invité à clore les travaux, Maurice Barate, secrétaire général de la Préfecture, répliqua aux propos initiaux de Michel Masson : «Vous êtes dans le cadre de l’effort collectif national. Les chambres d’agriculture ne sont pas plus mal traitées que les autres !»

Zoom sur le plan de relance avicole

Le plan de relance avicole repose sur trois axes : engager les opérateurs dans le renouvellement et le développement du parc local ; accompagner les producteurs vers une mutation/optimisation de leur atelier dans une perspective de modernisation et de compétitivité des élevages ; positionner le Loiret comme un pôle d’expérimentation et de compétences partagées.

Ces trois axes se déclinent en un certain nombre d’actions : comprendre les stratégies des opérateurs locaux et construire ensemble un développement de la filière ; engager financeurs privés et pouvoirs publics dans le projet de filière ; développer et structurer l’accompagnement technique et économique des producteurs ; renforcer l’accompagnement, la mise en œuvre et le suivi des projets individuels et collectifs permettant le développement du parc ou sa compétitivité ; susciter les vocations permettant le renouvellement du parc ; créer des références locales ; renforcer les synergies entre filières.

Pour l’ensemble de ces points, des projets ont été définis pour 2014-2015. Citons, de manière non-exhaustive : le lancement de deux groupes de progrès (dinde et label) ce mois-ci ; une journée découverte de la filière ; une communication externe, vers les céréaliers par exemple ; le suivi de vingt fermes référentes ; une enquête sur les pratiques de paillage (en cours) ; l’émergence d’un projet de plate-forme collective de compostage sur le secteur de Lorris.

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