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Jean-Marie Fortin : « Donner du sens à ce que l’on construit »

La FDSEA et les JA ont dévoilé, la semaine dernière, les personnes qui conduiront leur liste pour les élections de la chambre d’Agriculture du Loiret en janvier. Si cette liste est portée haut et fort par Cédric Benoist, président de la FDSEA du Loiret et Maxime Buizard-Blondeau, président des Jeunes agriculteurs du Loiret, un nouveau visage apparaît à leurs côtés : Jean-Marie Fortin, horticulteur à Saint-Jean-le-Blanc. Le Loiret agricole et rural est allé à sa rencontre.

© FDSEA 45

LAR : Bonjour Jean-Marie, pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?
JMF : J’ai 57 ans, je suis marié et père de quatre enfants. Je me suis installé avec mon épouse Myriam sur une exploitation horticole en 1995 à Saint-Jean -le-Blanc, puis nous avons repris un 2e site de production en 2002 à Saint-Denis-en-val. Nous sommes producteurs (vente en gros) de plantes à massifs et plantes en pots sur une surface de 2.2 ha de serres en verre, accompagnés par une équipe de quinze salariés dont trois apprentis et quatre salariés en groupement d’employeurs-Pluralis.
J’ai débuté ma carrière comme technico-commercial en coopérative d’élevage, d’abord en Corrèze (cinq ans), puis dans l’Eure (cinq ans), où j’ai mis en place un groupement de producteurs ovin pour des agriculteurs dont la plupart étaient des céréaliers, soucieux de trouver une diversification. C’est là que je me suis aperçu de la pertinence de la polyculture-élevage qui réglait en partie les problèmes de valorisation de salariés, d’équilibre agronomique des terres et qui permettait une valorisation autre des cultures, des couverts, des surfaces enherbées, et qui sortait un céréalier de son isolement au quotidien.
C’est là aussi que j’ai pris conscience qu’un conseil, pour être pertinent, devait être global, en tenant compte de toutes les caractéristiques d’une exploitation.
Je me suis toujours investi en responsabilités dans les différentes organisations professionnelles syndicales, de formations, techniques ou sociales car je sais que ce n’est jamais tout seul que l’on peut régler des problématiques de filières ; il serait bien prétentieux de penser que chaque individu peut avancer sans les autres. Le collectif est certainement la voie la plus efficace d’évolution professionnelle.

LAR : sur la base de vos expériences actuelles et passées, quels sont selon vous les enjeux que va devoir appréhender le monde agricole ?
JMF : Je n’aurai certes pas la prétention de maîtriser tous les sujets liés à l’agriculture du Loiret, mais je sais que je fais partie d’une équipe composée d’individualités compétentes sur chaque problématique que nous rencontrerons et que cette équipe travaillera, engagée dans le sens de l’intérêt commun au-delà de chaque individualité.

Cela dit, je suis convaincu que l’agriculture pour avancer, se rénover, doit avant tout créer du lien entre les hommes et femmes qui la composent, entre les différents acteurs de chaque filière. Et pour créer ce lien, pour motiver les agricultrices et les agriculteurs, il faut les rassembler autour de projets économiques rentables, viables et durable, en recherchant toujours à donner du sens à ce que l’on construit.
Les liens doivent aussi se créer avec tous les intervenants du monde agricole, les organismes stockeurs, les coopératives, les transformateurs, les distributeurs, les banques, les assureurs, les stations de recherche, les structures d’innovation, les centres de développement technique, les centres de gestion, la société civile, les consommateurs, etc. La chambre d’Agriculture doit être le lieu de rencontre de ces intervenants, au-delà de leurs différences, voire leurs antagonismes.
La connaissance des marchés et de leurs caractéristiques est primordiale pour moi. Que l’on parle de marché mondial, de circuits courts ou de proximité, de circuits bio ou conventionnels, de GMS ou de collectivité, peu importe !
Tous sont porteurs d’opportunités, à condition de bien en connaître les règles et d’être prêt à y répondre.
Un enjeu important sera le maintien du potentiel de production de l’agriculture du Loiret. Avec un âge relativement élevé des chefs d’exploitation, la transmission sera le sujet crucial des années à venir, avec la problématique du foncier, et des cédants sans repreneurs familiaux.
Globalement, nous devons réfléchir de quelle manière attirer nos concitoyens, toujours de plus en plus urbains, vers notre environnement rural, que ce soit pour investir en production ou pour venir travailler dans nos filières tant en amont qu’en aval.

LAR : Le Loiret a-t-il les armes pour aborder ces enjeux ?
JMF : Le Loiret offre une grande diversité de productions et de terroirs. Nous sommes déjà connus pour le sucre, le vin, les plantes d’ornement, les légumes (betteraves et concombre notamment) et nous sommes l’une des premières plaines céréalières de France. Nous disposons, sur certaines filières, d’outils solides tels que nos coopératives ou nos stations d’essais. Il n’y aucune raison que nous ne réussissions pas !
Et surtout, nous pouvons compter sur une diversité d’hommes et de femmes, à la vision et aux parcours très différents. C’est de ces différences et de cette diversité que naitra la performance et l’innovation.
Enfin, je crois fermement que la métropole d’Orléans -avec sa volonté d’intégrer pleinement notre agriculture dans sa gestion environnementale, alimentaire et salariale de son périmètre - mais aussi que la proximité de l’Ile de France (12 millions d’habitants), sont des opportunités durables à saisir sur des marchés de proximité. Nous possédons une diversité de productions de qualité mais aussi un bilan carbone exceptionnel pour des consommateurs se situant dans un périmètre de moins de
150 km de nous.

LAR : Vous êtes sur la liste FDSEA/JA pour les élections de la chambre d’Agriculture. Quel rôle pensez-vous que celle-ci doit avoir dans les enjeux que vous venez de nous décrire ?
JMF : Je disais que l’enjeu majeur était de créer du lien. Pour moi, la chambre d’Agriculture doit être le lieu où se créent ces liens. Elle doit offrir toutes les conditions, outils et compétences qui permettront d’’organiser et de structurer la rencontre des agriculteurs et des agricultrices, entre eux et avec tous les partenaires économiques et institutionnels.
Elle doit réunir, rassembler,  au-delà de toutes divergences politiques et syndicales et avoir une attitude prospective.
Après, sur un plan plus technique et fonctionnel, la chambre est un lieu où les agriculteurs doivent trouver un conseil adapté et pertinent. Il faudra apporter plus de globalité et plus de stratégie, pour que chaque personne et chaque entreprise trouve la production, le marché, le modèle qui lui convient.
Pour ça aussi, j’insiste, la chambre doit créer les conditions optimales de dialogue et d’échanges entre et avec les agricultrices et les agriculteurs mais aussi entre et avec tous les conseillers et techniciens de toutes les structures.
Et puis, la chambre d’Agriculture doit être actrice, voire moteur, dans le développement des territoires et des filières. Elle doit veiller à maintenir les savoir-faire et les outils permettant à chaque filière de pouvoir évoluer, porter et soutenir tous les projets agricoles, dès l’instant où ils sont durables, tant en amont qu’en aval.

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