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Importation d’huile de palme : une position gouvernementale incompréhensible !

Inquiet par le projet du groupe Total de reconversion de l’activité de raffinage de brut de La Mède à Marseille, notre réseau dont la FOP, dénonce fermement ce projet qui aura un impact lourd à la fois sur la production française de colza et la filière nationale du biodiesel mais aussi, sur la «déforestation importée».

© JC Gutner

L’huile de palme est l’huile végétale la plus produite, la plus consommée, la plus échangée au monde, mais aussi la moins chère. L’Union Européenne, qui n’en produit pas, est le deuxième plus grand importateur mondial avec environ 7 millions de tonnes par an. Très présente dans l’alimentation, l’huile de palme peut s’imposer désormais comme un biocarburant à part entière, ce qui fait courir de véritables risques aux filières végétales françaises et européennes.  Ainsi, à travers le projet de reconversion du groupe Total à la Mède, la production de biocarburants ferait nécessairement appel à de l’huile de palme importée. Celle-ci remplacera la matière première agricole produite en France, essentiellement du colza dont la production est non délocalisable, par une matière première importée, principalement de l’huile de palme. Toutefois, les risques vont bien au-delà des seuls acteurs de ces filières. Ils impacteront très directement les filières animales par la raréfaction engendrée de la production de tourteau de colza

Des enjeux environnementaux, sociologiques et économiques majeurs !
La production mondiale d’huile de palme est concentrée en Asie du Sud-Est, et principalement en Malaisie et en Indonésie, où l’augmentation des capacités de production ne peut se faire sans porter atteinte à l’environnement et revêtir des effets sociaux néfastes. La culture intensive de palmiers à huile est, en effet, responsable de 20 % de la déforestation en cours depuis 20 ans, se traduisant par une hausse des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’une perte de biodiversité (des espèces sauvages des forêts tropicales, comme les orangs outans, sont directement menacées et promises à une extinction imminente).
Parallèlement, des phénomènes d’expropriation et d’exploitation des travailleurs sont régulièrement dénoncés par des ONG.  L’huile de palme entre directement en concurrence avec les autres huiles végétales produites par la filière européenne (et nationale) des oléagineux, tels que l’huile de colza ou de tournesol. De 2007 à 2015, sa part comme matière première utilisée dans la production européenne de biodiesel est passée de 10 % à 27 % alors que le colza a chuté de 63 % à 52 %. Cela est notamment dû à l’essor de nouveaux procédés de production de biocarburant par hydrotraitement des huiles végétales, permettant d’incorporer à des taux proches de 100 % de l’huile de palme et ses dérivés (PFAD).

Une augmentation du recours à l’huile de palme endommagerait cependant la souveraineté protéique de nos territoires. Ainsi, parmi les impacts immédiats que cette production aura sur la filière colza, la production nationale de colza pourrait enregistrer une perte de surface de
400.000 hectares (-27 %). Cela conduirait à une baisse significative de la production nationale de tourteaux de colza, coproduits de la production de biodiesel, servant à l’alimentation animale. Pour nourrir leurs animaux, les éleveurs français n’auraient alors d’autre choix que de compenser la production locale de tourteaux de colza par 500.000 tonnes de soja OGM en provenance du continent américain.
Estimant qu’il convient d’aborder ce sujet en tenant aussi compte des enjeux géopolitiques et géostratégiques afférents, la FOP, Terres Univia, Terres Inovia et le groupe Avril dénoncent le recours massif à l’huile de palme et demandent aux Pouvoirs publics de faire preuve de courage et de cohérence.

Nos demandes : refuser les biocarburants à base de palme !
À la vue de ses engagements pris lors de la déclaration de New York sur les forêts mais aussi lors de l’Accord de Paris, l’Union Européenne doit être cohérente : elle doit refuser la production de biocarburants à base d’huile de palme sauf à reconnaitre publiquement accepter de participer activement à la déforestation importée. Il faut en effet ne pas être dupe : eu égard aux potentiels volumes concernés, il est impossible de tabler sur une production certifiée durable. 
L’Union Européenne et la France doivent promouvoir des biocarburants issus principalement de matières premières nationales ou européennes (colza, tournesol) permettant, par leurs co-produits, de participer à l’indépendance protéique de nos territoires. Baser notre approvisionnement énergétique et alimentaire ou notre participation à la lutte contre le réchauffement climatique sur des produits importés constitue un risque sécuritaire important dû à un manque crucial de visibilité. Cela représente aussi un risque de remise en cause des filières labellisées ou sous signe de qualité et donc, un risque de renforcement de la défiance des consommateurs vis-à-vis de leur alimentation allant à l’encontre même de l’état d’esprit des Etats Généraux de l’Alimentation. 

Dans cette optique, il est aussi urgent que le gouvernement français se positionne de manière claire sur la question de l’huile de palme : alors que le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a fait de la fin de la participation de la France à la déforestation importée l’un des axes clés du Plan Climat, la ministre des Armées, Florence Parly, a affirmé fin janvier 2018 en Malaisie que la France soutiendrait les pays producteurs d’huile de palme contre la proposition du Parlement européen de ne pas comptabiliser les biocarburants à base d’huile de palme et de ses dérivés dans le cadre de l’objectif d’énergie renouvelable dans le transport. Dans le même temps, le président Emmanuel Macron a appelé, lors de ses vœux à l’Agriculture, au développement d’une vraie souveraineté alimentaire, reposant notamment sur un plan protéines ambitieux.
Enfin, nous attendons de la part de Total qu’il s’engage à renoncer à son projet de production de biodiesel sur la base d’un approvisionnement majoritaire en huile de palme.

Les Français condamnent les importations de palme
L’institut de sondage Odoxa a réalisé les 12 et 13 avril derniers un sondage relatif à la position des Français vis-à-vis de l’huile de palme dans les biocarburants. C’est avec une réelle satisfaction que la FOP (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) a pris connaissance de trois de ses enseignements principaux. Tout d’abord, ce sondage relève que 71% des Français est fermement opposé à l’utilisation d’huile de palme dans les carburants. La FOP estime donc plus que jamais légitime le combat qu’elle conduit sans relâche depuis de très nombreux mois pour dénoncer avec vigueur le projet du groupe Total à La Mède (Bouches du-Rhône) qui s’orienterait vers la production de biocarburants à base d’huile de palme sans prise en compte de la production nationale.
De plus, ce sondage met en avant que 83 % des Français attendent du Gouvernement qu’il soutienne sans équivoque la position du Parlement européen contre l’utilisation d’huile de palme dans les carburants. Là encore, la FOP estime que la position unanimement exprimée par les Français conforte sa détermination pleine et entière à maintenir une production européenne et française de biocarburants basée sur un taux d’incorporation de 7%. 

Le Président de la FOP, Arnaud Rousseau, commentant ce sondage, a notamment déclaré : « Les Français sont engagés à nos côtés pour lutter contre les importations massives de pays tiers qui vont à l’encontre de leurs attentes environnementales, sociales et sociétales. La production de biocarburants est intimement liée à la production de tourteaux d’origine France c’est-à-dire de protéines végétales tracées, non OGM et de qualité, à destination de l’alimentation animale. Les Pouvoirs publics ne peuvent rester sourds à nos aspirations».

Quelques chiffres clés alarmants…

✓ Avec le projet de La Mède, Total deviendrait le premier importateur français d’huile de palme, doublant dans le même temps la consommation française.
✓ Alors que l’Indonésie a triplé sa production d’huile de palme en 10 ans, le pays est aussi récemment devenu le troisième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre.
✓ 300 : près de la moitié de la surface forestière illégalement défrichée est utilisée pour la production d’huile de palme pour le marché européen. Selon Greenpeace, l’équivalent de 300 terrains de football de forêts est défriché chaque heure en Indonésie (2002-2005).
✓ 1 million : d’ici 2020, 1 million d’hectares de terres sera converti au niveau mondial pour la culture d’huile de palme destinée aux biocarburants, dont 0,57 million d’hectares de forêts primaires d’Asie du Sud-Est.

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