Aller au contenu principal

Depuis le belvédère

Gibet sous l’Ancien Régime puis carrière aride et dépotoir insalubre, le parc des Buttes-Chaumont (Paris, XIXe) a connu à partir de 1860 une mue spectaculaire.

Sous le brouillard hivernal, le parc des Buttes-Chaumont prend presque une atmosphère de roman gothique avec ses roches sombres, ses arbres nus et ses plans d’eau brumeux. Le décor est idéal pour plonger dans l’histoire passionnante du poumon vert du nord-est parisien.

À l’origine était la colline du Mont-Chauve, ou « Chauve-Mont », haute d’environ cent mètres, aux sols impropres aux cultures et à la végétation. Un lieu à la réputation sinistre : le principal gibet des rois de France fut installé là au XIIIe siècle, les condamnés à mort y furent pendus jusqu’au XVIIe siècle.

De grandes carrières de gypse et de pierres meulières y sont creusées après la Révolution, tandis que le site se transforme peu à peu en décharge à ciel ouvert, en centre d’équarrissage et en abri pour les vagabonds.

En 1860, Napoléon III s’est engagé dans une politique de grands travaux aux côtés du baron Haussmann, et souhaite doter Paris d’un réseau d’espaces verts. Il charge l’ingénieur Adolphe Alphand de transformer les 25 hectares arides et accidentés des « Buttes Saint-Chaumont » en parc paysager. Un défi de taille !

Pendant trois ans, ingénieurs, jardiniers et architectes s’attellent à créer de toutes pièces un jardin à l’anglaise sur trois niveaux, qui imite un paysage de montagne.

Le projet coûte 3,4 millions de francs de l’époque, réquisitionne 200 000 mètres cubes de terre végétale et mobilise mille ouvriers, cent chevaux et deux machines à vapeur.

Le relief originel est remodelé. Roches artificielles et naturelles sont mélangées pour créer des falaises, des rochers, et même une grotte coiffée de stalactites en béton armé.

Des chemins sont tracés, de nombreux arbres sont plantés, des ponts sont tendus, des pavillons et des restaurants, inspirés des chalets suisses et des villas italiennes, sont construits.

Une usine de pompage, créée à cet effet dans le bassin de la Villette, achemine l’eau au sommet du parc pour alimenter les ruisseaux, la monumentale cascade et le lac d’un hectare et demi.

Une île s’élève à pic au-dessus du lac. Elle est surmontée d’un kiosque d’inspiration antique, le « temple de la Sibylle ». Depuis ce belvédère, la vue sur les reliefs du parc est saisissante, mélange de verdure apaisante et de minéralité brute.

Le jardin est inauguré en grande pompe en même temps que l’Exposition universelle de 1867. Il sera ravagé peu après pendant la guerre contre la Prusse puis lors des affrontements de la Commune de Paris.

Après sa reconstruction, le jardin des Buttes-Chaumont sera boudé par la bourgeoisie parisienne, avant de gagner en popularité au début du XXe siècle. Avec plus de trois millions de visiteurs chaque année, il est aujourd’hui très prisé. Par beau temps et bien accompagné, il paraît même que c’est le parc le plus romantique de la capitale.

Laure Sauvage

Photo d’illustration : Le temple de la Sybille, sur l’île du Belvédère © Guilhem Vellut, 2016 - CC-BY-2.0

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Le 11 avril, à Amilly. La co-associée de Jump Chartres 28, Mathilde Nodier, et le co-gérant du site de méthanisation Theuvy Biogaz, Jean-Baptiste Gouin (au c.), ont signé sous l'égide du délégué territorial de GRDF, Jean-Michel Vappereau, un partenariat pour valoriser le fumier équin.
Du fumier de cheval pour le méthaniseur
Le site de méthanisation Theuvy biogaz et le centre équestre Jump Chartres 28 ont signé le 11 avril à Amilly une convention…
La Chapelle-la-Reine, jeudi 25 avril. Augustin Vecten au milieu de l'aspergeraie. En conditions optimales, une asperge peut prendre 7 cm /jour.

Les asperges de la ferme des 4 vents
La récolte des asperges a débuté lentement en raison de la fraîcheur des températures. Rencontre avec Augustin Vecten, producteur…
Véritable figure du syndicalisme francilien, Patrick Dezobry est décédé dans la nuit du 24 au 25 avril à l'aube de ses 69 ans.
Décès de Patrick Dezobry : le vibrant hommage de toute une profession
Très engagé pour la profession depuis de longues années, Patrick Dezobry est décédé dans la nuit du 24 au 25 avril à l'aube…
Damien Greffin, président de la FDSEA Île-de-France, introduit l'assemblée générale.
AG FDSEA Île-de-France : salle comble et riches échanges
Mardi 30 avril a eu lieu l'assemblée générale de la FDSEA Île-de-France à Louveciennes (Yvelines).Durant la matinée, les…
La matinée s'est poursuivie par la visite guidée du site, ici par Christophe Hillairet, l'un des six associés, président de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France.
Le méthaniseur de Sonchamp inauguré dans les Yvelines
Vendredi 19 avril a eu lieu l'inauguration du méthaniseur de Sonchamp sur la ferme de Luc Janottin, à Renonvilliers (…
Éric Delorme est l'actuel président de la Cuma des Vieilles charrues.
Les Vieilles charrues, une nouvelle Cuma dans le Loiret
Depuis le début de l’année, deux nouvelles Cuma se sont formées dans le Loiret, dont celle présidée par Éric Delorme et baptisée…
Publicité