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Agriculture : les journalistes de demain veulent davantage en parler et mieux faire entendre la voix des agriculteurs

Quelle image générale les étudiants en journalisme portent-ils sur le monde agricole ? Quelle est leur vision actuelle et comment perçoivent-ils l'avenir de l'agriculture ?

© Enquête exclusive Harris Interactive - CLEF - Camp

A l'occasion du Salon de l'Agriculture, Harris Interactive publie les résultats d'une enquête exclusive réalisée pour CLEF et Campagnes TV auprès des étudiants en grandes écoles de journalisme. Tantôt plébiscités pour leurs rudes conditions de travail, tantôt décriés pour les effets de leurs pratiques sur la santé et l'environnement, le portrait des agriculteurs dessiné par les journalistes en herbe est mitigé. Même regard partagé des étudiants sur les rédactions actuelles, illustrant la relation complexe entre le monde agricole et les media ; une très large majorité des futurs journalistes estime ainsi que l'agriculture n'est pas assez évoquée dans les media. Autre enseignement important : ils considèrent également avec force que les media nationaux traitent moins bien le sujet que la presse régionale ou spécialisée.

Un métier de passion qui explique une bonne image générale

Si le climat médiatique général traduit une certaine méfiance envers l'agriculture, les Français apprécient les agriculteurs. Le succès du Salon de l'Agriculture le confirme chaque année, et les media soutiennent particulièrement les agriculteurs dans les périodes de crise. Les journalistes en herbe n'échappent pas à la tendance générale. Ils sont 94% à déclarer avoir une bonne opinion des agriculteurs de façon générale, dont 28% une très bonne opinion. Les producteurs de fruits et légumes attirent davantage la sympathie (94% des bonnes opinions) que les céréaliers (81%) et, plus surprenant, les éleveurs (66% seulement). Secteur clé de l'économie française d'après 88% des étudiants en journalisme interrogés, l'agriculture permet selon eux aux hommes d'avoir accès à une alimentation de qualité (83%) à un prix abordable (74%). Le rôle social de l'agriculture est fortement souligné par les étudiants en journalisme, dont 97% reconnaissent que « les agriculteurs sont indispensables pour faire vivre les territoires », et 74% sont même tout à fait d'accord avec cette affirmation. Il faut toutefois noter que la dépendance du secteur vis-à-vis des aides publiques est niée par 17% des futurs journalistes.

Solitude et manque de considération : les conditions de travail difficiles pointées du doigt

Passionnés par leur métier (96% d'adhésion à cette affirmation dont 53% d'étudiants « tout à fait d'accord »), les agriculteurs rencontrent visiblement des difficultés à attirer les jeunes dans la profession selon 91% des futurs journalistes. « Aujourd'hui, avec les suicides fréquents des agriculteurs, le premier mot qui me viendrait à l'esprit serait : précarité et solitude » écrit un participant à l'enquête. De fait, « difficultés », « travail », « crise » et « suicide » figurent parmi les premiers termes spontanément évoqués par les étudiants pour parler d'agriculture. « Mal considérés par la société », ils sont perçus comme « bosseurs », « courageux », « exploités », bénéficiant d'un « faible revenu » et souffrant d'un « manque de considération ». Une majorité écrasante (97%) des futurs journalistes interrogés estime que les agriculteurs bénéficient d'un revenu trop faible par rapport à leur temps de travail.

L'agriculture dans le paysage médiatique : priorité au local !

Les étudiants en journalisme sont partagés sur la place de l'agriculture dans le débat public : seule une courte majorité (52%) estime que ce sujet y est rarement abordé. En revanche, ils sont beaucoup plus nombreux (76%) à estimer que les sujets liés à l'agriculture ne sont pas assez traités par les media français, traduisant ainsi une préoccupation pour ce secteur aux enjeux complexes. Le regard des étudiants en journalisme sur le traitement médiatique des sujets agricoles est riche d'enseignements : 83% d'entre eux considèrent que les media régionaux ou locaux font autorité en matière d'agriculture, devant la presse spécialisée (66%). Surprise, la presse nationale est sévèrement jugée puisque seulement 17% des étudiants trouvent qu'elle traite correctement du sujet. Cette prime au local et au savoir-faire de la presse régionale est renforcée par le poids mineur des réseaux sociaux. A l'heure de la digitalisation de l'information, 12% des futurs journalistes estiment que les réseaux sociaux offrent un traitement adéquat de l'information agricole. Enfin, tous les étudiants à l'unanimité (100% !), estiment important de se déplacer dans les exploitations agricoles pour traiter un sujet portant sur l'agriculture ; 84% considèrent même ces déplacements comme « très importants ». Ces résultats montrent le soin que souhaitent apporter les futurs journalistes au traitement des enjeux agricoles.

Innovation, environnement et santé : les déficits de communication des agriculteurs

89% des futurs journalistes interrogés estiment que les agriculteurs devraient davantage s'exprimer dans le débat public, contrairement aux principaux syndicats agricoles dont la légitimité n'est pas perçue comme évidente ; seuls 45% des étudiants jugent que ces derniers « devraient prendre plus la parole ». De manière générale, les agriculteurs peinent à valoriser la technicité de leur métier et la prise en compte des enjeux environnementaux et sanitaires. L'utilisation par les agriculteurs des nouvelles technologies est considérée comme secondaire : seuls 15% des étudiants en journalisme sont tout à fait convaincus par le développement de l'innovation dans les pratiques agricoles. Une écrasante majorité des futurs journalistes (79%) estime que les agriculteurs prennent rarement la parole dans le débat public pour valoriser leur faculté d'innovation. La capacité des agriculteurs à produire dans le respect de la santé (95%) et des normes environnementales (91%) est considérée comme le double enjeu prioritaire pour les années à venir, loin devant la valorisation de leur région (70%) ou l'intégration des nouvelles technologies dans leurs pratiques (78%). Ce sont pourtant ces évolutions qui permettront l'amélioration des pratiques sur la santé et l'environnement.

Assurer la rentabilité financière de leurs exploitations

Les étudiants en école de journalisme gardent les pieds sur terre. 95% d'entre eux estiment que la nécessité pour les agriculteurs d'assurer la rentabilité financière de leurs exploitations est l'autre enjeu majeur du monde agricole pour les années à venir. Et ce avant même la nécessité de « nourrir le monde », perçue comme tout à fait prioritaire pour 68% des étudiants en école de journalisme. Enfin, 76% des étudiants en journalisme estiment que l'agriculture est suffisamment (49%) ou trop (27%) encadrée et réglementée.

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