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Vers un nouveau rapport « nourri-nourricier » ?

Inquiétudes et mouvements anti

© jc gutner

L'émergence des mouvements « anti » (gluten et viande pour les plus connus), des régimes d'éviction, d'intolérances ou d'allergies est un fait à prendre au sérieux. Mesurer ce phénomène et reconsidérer certaines pratiques, c'est ce qu'ont essayé d'entreprendre chercheurs, journalistes et citoyens le temps d'un colloque, organisé le mardi 22 novembre, par l'Observatoire des habitudes alimentaires. Qu'il est devenu compliqué de parler « alimentation » sans risquer de froisser pour ne pas dire choquer une ou plusieurs franges de la population devenue totalement réactionnaire sur le sujet. La poussée des mouvements tels que les anti-viandes ou anti-gluten, oblige à nous réinterroger sur le rapport que nous entretenons avec le système dans sa globalité. L'approche alimentaire représente une porte d'entrée centrale car elle cristallise de manière directe notre rapport au monde. Les produits de la Terre ingérés par l'homme, en plus de leurs propriétés nutritives, composent une valeur hautement symbolique. Mais quel devenir donner à la relation nourri-nourricier ? Les inquiétudes alimentaires progressent de jour en jour dans nos sociétés toujours plus modernes. La déconnexion entre les modes de production et les consommateurs semble elle aussi vouloir s'indexer à cette anxiété sociale et collective grandissante. « Ce ne sont pas des conneries de bobo ! », prévient ainsi le directeur scientifique du colloque et socio-anthropologue, Jean-Pierre Poulain. Les crises sanitaires depuis la « vache folle » ont provoqué l'accélération de ces mutations, qui continuent d'opérer dans nos sociétés. La dernière étude 2016 de l'Observatoire des habitudes alimentaires (OCHA), présentée à l'occasion de cette rencontre, confirme cette tendance lourde. Les réponses des personnes interrogées sont sans équivoque.Le monde agricole génère des inquiétudes Dans cette étude, les facteurs d’inquiétudes les plus cités, « pesticides » ou « produits chimiques » pour les fruits, légumes et poissons, « alimentation animale » et « bien-être animal » (critère récent) pour les viandes et les produits laitiers ainsi que l' « hygiène et la fraîcheur » pour cette dernière catégorie, font apparaître le monde nourricier comme une menace. « Ce n'est pas un phénomène nouveau », soumet néanmoins un intervenant dans la salle, rappelant plusieurs faits historiques où la méfiance existait déjà. Le lait, explique une autre intervenante, représente la maternité, l’origine du monde, « c’est pour cela que ce secteur cristallise tant de tensions et de critiques ». Par ailleurs, l’épisode du cheval dans les lasagnes en 2013 a fait naitre une nouvelle dimension : la crise dépasse le cadre purement sanitaire. D'après Jean Pierre Poulain, il faut abandonner l'idée qu'on pourra réinstaller la confiance. L'anxiété alimentaire, selon lui, doit être assumée, « on ne pourra pas s'en débarrasser ». Cette crise de la confiance qui officie au sein même des filières de production. « La création de valeur s’est concentrée sur la fin de la chaîne. On peut comprendre que le producteur demande à récupérer un peu de cette valeur. C’est aussi une crise de la confiance », remarque Claude Fischler, directeur de recherche au CNRS. Ces « mouvements anti » traduisent, selon lui, une place privilégiée accordée dans nos sociétés à « l’individu et à son autonomie ». D’autres, font l’analogie entre ces radicalisations alimentaires motivées par une quête de pureté avec l’intégrisme religieux. « Peut-on imaginer une substitution du religieux traditionnel à un type de religieux alimentaire ?», interroge ainsi un participant, s’appuyant sur la similitude des comportements et de l’expression d’un certain sectarisme.

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