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Une situation agricole explosive !

Lors de la session de la chambre régionale d'agriculture, les représentants de la profession ont lancé un cri d'alarme.

Situation économique, contraintes administratives, Pac et embargo russe : les sujets de préoccupation ne manquent pas pour les agriculteurs de la région !
Situation économique, contraintes administratives, Pac et embargo russe : les sujets de préoccupation ne manquent pas pour les agriculteurs de la région !
© Loiret agricole et rural

Une moisson bonne en quantité mais de qualité hétérogène : c'était le sens du message de Jean-Pierre Leveillard, président de la chambre régionale d'agriculture, lors de la session du lundi 22 septembre : « La moisson 2014 laisse augurer de bons rendements mais la météo pluvieuse de l'été, accompagnée de fraîcheur, a perturbé le bon déroulement des récoltes et souvent altéré la qualité des grains. Les perspectives d'une production mondiale abondante continuent d'orienter le marché des céréales et des oléagineux à la baisse. Les prix sont également suspendus à la qualité des récoltes, perturbée par des germinations sur pied. En colza, la production augmente de 42 % par rapport à 2013. Les cours sont orientés à la baisse. »

La récolte de fruits s'annonce bonne : « La récolte régionale de fruits, en particulier de pommes, s'annonce plus abondante qu'en 2013, contrairement à la production nationale. Les superficies consacrées à l'arboriculture dans le Centre régressent toujours. Les stocks de l'ancienne récolte et l'embargo russe tirent les prix à la baisse. » Quid de la viticulture ? « Malgré les pluies abondantes de l'été, propices au développement des maladies, les vendanges sont estimées en forte hausse par rapport aux maigres productions de 2012 et 2013. »

Dans son propos introductif, Jean-Pierre Leveillard a également évoqué l'élevage : « Les cours des bovins se redressent légèrement mais restent bien inférieurs à ceux de 2013. Les consommateurs délaissent la viande de boeuf et, face à la baisse des cours, les éleveurs gardent leurs animaux au pâturage plus longtemps. La situation de l'aviculture reste délicate. En porc, l'embargo russe va peser à la baisse sur les cours. Les prix sont inférieurs à ceux de 2013. Suite à la fermeture de l'abattoir de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), les abattages d'ovins dans le Centre sont en forte baisse. »

Le président de l'entité consulaire ne pouvait occulter la Politique agricole commune : « La nouvelle Pac est marquée par une baisse importante des aides directes pour les exploitations de la région Centre et entre en application dans une conjoncture particulièrement difficile. Les modalités de la nouvelle Pac ne sont toujours pas connues à ce jour, alors que les emblavements ont largement débuté. Les surfaces d'intérêt écologiques, exigées dans le cadre du paiement vert, ne sont pas explicitées. »

La Région Centre devient gestionnaire des fonds Feader. Le dirigeant consulaire en a commenté les conséquences en ces termes : « La Région consacre une part élevée du Feader 2014-2020 aux mesures rurales non spécifiquement agricoles. Les futures mesures agroenvironnementales et climatiques sont inaccessibles à la plupart des exploitations. » L'orateur faisait référence à une étude du réseau des chambres d'agriculture du Centre. Or soixante-dix-sept millions d'euros doivent être consacrés aux MAEC. « Les aides aux investissements des exploitations agricoles (NDLR : 22,8 millions d'euros) doivent être accessibles simplement et, au besoin, augmentées dans le cadre de la fongibilité entre les lignes de la maquette Feader. »

Une folie économique et agronomique !

Président de la FDSEA de l'Indre, Hervé Coupeau a livré son point de vue sur l'embargo russe : « Celui-ci résulte d'une diplomatie déplorable de la part de l'Union européenne et de la France. La diplomatie aurait pu régler le problème autrement. Je demande un embargo sur les importations de volailles ne correspondant pas aux normes françaises. » Éric Thirouin, président de la FRSEA, lui a emboîté le pas : « Le revenu des agriculteurs de la région Centre sera négatif cette année. » Des contacts doivent être pris avec les centres de gestion afin d'avoir une idée plus précise de la situation. « Nous attendons des mesures concrètes et des aides substantielles pour notre trésorerie. La situation est aussi grave qu'en 2009 et j'ai du mal à en imaginer les conséquences. Je ne vois aucun secteur rattraper l'autre. La situation des grandes cultures s'ajoute à la crise de la viande et du lait, déjà ancienne. » Quant en plus intervient la réglementation sur les zones vulnérables...

« Il est inadmissible de commercer une année culturale sans connaître les règles du jeu » a déclaré Michel Masson, à propos de la Pac. Le président de la chambre d'agriculture du Loiret a formulé cette demande : « Faute de communication dans les jours à venir, on en reste aux règles de 2013. » Dans le cas contraire, le non-sens pourrait conduire à des destructions de cultures au printemps, ce que les céréaliers ne peuvent guère se permettre en ce moment... « Il est incongru d'imposer des Cipan là où il n'y a aucun nitrate à piéger ! Une folie économique et agronomique ! Arrêtons le dogmatisme ! » Une manière de dire qu'économie et agronomie doivent aller de pair et non être opposées l'une à l'autre.

Outil concerté de planification ayant pour but d'améliorer la qualité de l'eau sur le bassin Loire-Bretagne, le Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (Sdage) est en cours d'écriture. « L'administration rejette 90 % de notre argumentaire technique » a regretté Vincent Saillard. Lié à la conjoncture économique et au poids des contraintes, cela conduit à « une situation explosive ». L'agriculteur du Cher a poursuivi en ces termes : « Nous avons l'impression d'être pris pour des billes : les agriculteurs qui n'ont rien à perdre, on ne pourra plus les tenir ! Les mois qui viennent seront cruciaux pour le maintien de la paix sociale dans nos campagnes. »

La goutte d'eau

Xavier Beulin s'est livré à une analyse à court et moyen termes du cinquième programme d'actions de la directive nitrates. Pour la première approche, voici ce qu'a dit le président de la FNSEA : « Une même mesure partout sur le territoire français, ce n'est pas la bonne solution. Il faut avoir une culture de résultats et non de moyens et prendre localement la bonne décision : gérer autrement avec une économie circulaire qui a du sens. Si on ne remet pas un minimum d'agronomie dans nos décisions, comment voulez-vous qu'on s'en sorte ? » Quant à la seconde approche, elle avait pour toile de fond l'intervention de Manuel Valls lors des Terres de Jim. Devant les Jeunes Agriculteurs, le Premier ministre avait déclaré qu'il souhaitait revisiter le dispositif. « L'eutrophisation est une ânerie ! » s'est exprimé le dirigeant syndical.

Le président de la FNSEA a également évoqué les évènements de Morlaix (Finistère). Il y a une semaine, des légumiers en colère avaient incendié le centre des impôts et le bâtiment de la MSA. « Nous condamnons » ces dégradations a déclaré Xavier Beulin. « Cependant, il faut prendre le temps de l'analyse et de la compréhension. Les aléas climatiques et les fluctuations du marché : nous vivons avec. En revanche, la réglementation coercitive est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : un cri d'alarme est lancé. »

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