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Technique
Fertilisation azotée des céréales

Tendre vers la dose optimale grâce aux outils de pilotage

© Jean Nanteuil

Pour s’approcher le plus possible de la dose optimale d’azote à apporter sur céréales, utiliser les outils de pilotage en complément de la méthode du bilan apporte un vrai « plus ». ARVALIS – Institut du végétal en propose trois types, fondés sur des indicateurs « plante » mesurés au champ ou par satellite.

Ajuster la dose d’azote en interrogeant la plante : voilà l’objectif des outils de pilotage de la dose d’azote sur céréales. Ils reposent tous sur une démarche commune. La première étape vise à calculer la dose prévisionnelle d’azote par la méthode du bilan. La dose apportée à la parcelle correspond alors à cette dose totale diminuée d’une quantité mise en réserve, généralement de 40 kg N/ha. La deuxième étape consiste à interroger la plante ultérieurement, à une période clé qui est la montaison pour les céréales à paille, et à déclencher un apport d’azote complémentaire sur la base de la dose mise en réserve. Ce complément peut être de zéro, de moins de 40 kg N/ha ou encore de plus de 40 kg N/ha. Il ne dépasse jamais 80 kg N/ha sauf en cas d’objectifs spécifiques de qualité de la récolte.

Mesurer un indicateur plante

L’interrogation de la plante est réalisée par la mesure d’un indicateur, qui permet le diagnostic de son statut nutritionnel à un moment donné. Cet indicateur, d’accès souvent rapide, est relié en expérimentation à d’autres indicateurs plus fondamentaux, comme l’INN (Indice de nutrition azotée), mais plus difficiles d’accès. Le moyen permettant le diagnostic de la plante et la réalisation du conseil d’azote qui en découle varient selon les outils mais les principes fondamentaux sont identiques.

Analyser le jus de base de tige

Elaborée avec l’INRA au début des années 90, la méthode Jubil® repose initialement sur la mesure de la teneur en nitrate du jus de base de tige du blé. Autour du stade épi 1 cm, la plante constitue dans cet organe un stock de nitrate qui décroît lors de la croissance des parties aériennes au cours de la montaison. Cette mesure et la mise en œuvre de la méthode s’effectuent à l’aide d’un kit accompagné d’une méthodologie (prélèvement, préparation des bases de tige…) et d’une réglette. Celle-ci permet d’interpréter le résultat et de déclencher ou non l’apport d’azote. Tout ce matériel est réuni au sein d’une mallette Jubil®.

Des gains de rendement et de protéines avec Jubil®

L’interprétation du résultat obtenu avec Jubil® repose sur quatre critères : la variété classée selon quatre groupes, la densité de peuplement en sortie d’hiver, la nature du sol (craie ou non) et le stade du blé. Pour être le plus représentatif possible de l’état de la parcelle, le prélèvement doit être effectué le matin, entre 7 et 11 heures. La mesure peut être réalisée aux stades 2 noeuds, 3 à 4 noeuds ou dernière feuille ligulée. Elle permet de décider d’un apport complémentaire ou non, ainsi que de la dose à apporter, de 30 à 80 kg N/ha. Principaux atouts de cet outil : la spécificité azote de l’indicateur, son coût réduit (de l’ordre de 500 à 800 € pour la mallette) et l’autonomie d’utilisation.

Des mesures effectuées sur 186 essais conduits par ARVALIS - Institut du végétal ont permis de valider la méthode et de comparer les résultats obtenus avec Jubil® à ceux provenant de la seule méthode du bilan. Dans 74 % des cas, cet outil permet de prendre une « bonne décision ». Le risque de s’écarter de la dose optimale est au final plus faible qu’avec la seuleméthode du bilan.

Sur blé tendre, la méthode est déclinée en 2 règles : une règle classique, et une règle Jubil® Protéines pour des blés où une plus forte teneur en protéines est recherchée. La méthode est aussi proposée sur orge de printemps, maïs et sur quelques variétés de pomme de terre.

Dose optimisée avec le N-Tester

Autre moyen de piloter sa dose d’azote sur céréales : le N-Tester. Cet outil, mis au point avec Yara et distribué par ce dernier, se présente sous la forme d’une pince électronique qui évalue de façon indirecte la teneur en chlorophylle de la feuille. Dépendante de la variété et du stade de mesure sur blé (montaison, sortie dernière feuille, gonflement), la mesure permet de diagnostiquer une carence azotée. L’interprétation de la valeur, pour laquelle ARVALIS - Institut du végétal a contribué et continue de contribuer par le calage variétal, se fait sur un site internet (ntester.yara.fr). Cette mesure débouche sur la préconisation d’un apport complémentaire fin montaison, de 0 à + 80 unités/ha en fonction des besoins de la plante à la date de mesure. Deux règles d’interprétation sont proposées selon l’objectif recherché : le rendement seul ou le rendement et la protéine. Le conseil peut être supérieur en cas de production nécessitant une forte teneur en protéines, comme pour le blé dur et le blé améliorant. 
Une synthèse pluriannuelle sur blé tendre montre que l’utilisation du N-Tester associée à la méthode du bilan permet de réduire significativement les risques de sous et de sur-fertilisation, se rapprochant ainsi de la dose optimale, mesurée a posteriori. Cette méthode est proposée sur le maïs, l’orge de printemps brassicole et la pomme de terre. L’appareil peut s’acheter (environ 1 450 €) mais les collecteurs ou d’autres structures proposent souvent ce service sous forme de prestation, pour un coût de l’ordre de 20 à 40 € par parcelle.

Farmstar pour piloter jusqu’au rendement

Un autre outil plus récent est également disponible, qui fait appel à l’imagerie satellitaire. Il s’agit de Farmstar, conçu par Astrium et ARVALIS - Institut du végétal. Il cherche aussi àévaluer la teneur en chlorophylle du couvert, associée à un indice de surface du couvert (LAI), mais en s’appuyant sur des mesures réalisées par des capteurs embarqués par des satellites. Très précises et surtout spatialisée, les données recueillies alimentent des modèles et fournissent deux variables agronomiques : l’une concerne la biomasse, l’autre le statut azoté du couvert. 
En plus du pilotage de la fertilisation azotée du blé en cours de montaison, Farmstar peut aussi fournir une estimation de la quantité d’azote absorbé par le couvert (blé ou colza avec le CETIOM) en sortie d’hiver, une préconisation de dose prévisionnelle par la méthode du bilan fin février, une estimation du risque de verse début avril. Pour le pilotage, le diagnostic est réalisé en début de montaison (avril) et le conseil est délivré sous forme d’une carte de chaque parcelle présentant la variabilité intra-parcellaire du conseil, associée à un conseil moyen pour la parcelle pour les agriculteurs ne pouvant moduler leurs épandages. Les doses complémentaires conseillées sont du même ordre que pour les autres outils, de 0 à 80 kg N/ha, voire plus dans le cas des blés améliorants et blés durs. Farmstar est un service global incluant d’autres informations (risque maladies, projection de rendement, état de croissance…). Il est commercialisé auprès des agriculteurs par des distributeurs (coopératives, négoces, chambres d’agriculture…).

Fertilisation du blé tendre

Fractionner l'azote en trois apports

Afin de suivre au plus près les besoins azotés du blé tout au long de son cycle, il est conseillé de fractionner l'azote en trois apports. Le premier est apporté au stade tallage, le second au stade épi 1 cm, et le dernier entre le stade 2 noeuds et le stade gonflement.

Le raisonnement de la fertilisation azotée du blé doit intégrer trois critères : la dose totale, le fractionnement et la forme de l'engrais. La dose totale à apporter est calculée selon la méthode du bilan. Elle correspond à la différence entre les besoins de la plante et les fournitures du sol en azote. Ces fournitures comprennent principalement le reliquat d’azote en sortie d’hiver (RSH), la minéralisation des résidus du précédent, les arrière-effets des effluents, et la minéralisation de l’humus du sol. Le besoin total en azote se calcule à partir de l’objectif de rendement et du besoin unitaire du blé en azote qui varie selon les variétés. Il se situe en moyenne autour de 3 kg par quintal produit.


Calculer la dose d'azote prévisionnelle selon la méthode du bilan


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La cinétique d’absorption du blé en azote est loin d’être linéaire. Faible en début de cycle, les besoins en azote augmentent sensiblement à partir de la montaison pour atteindre un pic entre le stade « 2 noeuds » et le stade « floraison ». Par conséquent, l’intérêt du fractionnement de l’azote est manifeste. Il permet de suivre au plus près les besoins en azote du blé tout au long de son cycle. Les experts s’accordent pour dire que le fractionnement en trois apports est la stratégie la plus efficace pour viser à la fois des hauts rendements et des fortes teneurs en protéines. Le fractionnement des apports azotés permet également d'éviter les problèmes de sur-fertilisation, ce qui limite les risques d'apparition des maladies foliaires du blé tendre.


Apporter l'azote au plus proche des besoins du blé


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Maintenir l’alimentation azotée du blé jusqu’à début montaison

Le premier apport est généralement effectué au stade « tallage » ce qui correspond dans la plupart des régions à la sortie de l’hiver. Il  se limite généralement à 40 kg N/ha car les besoins du blé en sortie d’hiver sont assez faibles. Cet apport permet de maintenir l’alimentation azotée de la culture jusqu’au moment du 2e apport. Il peut néanmoins être retardé, voire annulé, si les fournitures d’azote sont suffisantes. Attention, l’apport d’azote au tallage ne compense en aucun cas un défaut de plantes ou déficit du nombre de talles liés à de mauvaises conditions de semis.

Satisfaire les besoins élevés du blé courant montaison

Le deuxième apport d'azote doit être positionné juste avant début montaison, phase durant laquelle la production de biomasse est la plus importante. La plante absorbe alors une importante quantité d’azote. Entre le stade 2 noeuds et le gonflement, le blé peut absorber jusqu’à 7 kg d’azote par hectare et par jour ! Le 2e apport est donc le plus conséquent. Toutefois, il peut être fractionné en 2 apports courant mars-début avril, afin de limiter les risques de mauvaise efficacité en cas de conditions sèches. Pour déterminer la dose à apporter il faut soustraire à la dose totale la quantité d’azote apportée au stade tallage et la dose d’azote réservée pour le 3e apport ou le pilotage.

Assurer une teneur en protéines des grains élevée

Enfin, le dernier apport est réalisé généralement entre le stade 2 noeuds et le stade gonflement. Il a deux objectifs, l’un est de poursuivre l’alimentation et la production de grains du blé, l’autre est d’augmenter la teneur en protéines des grains. Un apport de l’ordre de 40 à 80 unités améliore la teneur en protéine des grains de  0,3 à 0,5 %. Ce 3e apport se révèle être très efficace car il intervient après la régression des talles inutiles. Le transfert d’azote vers les feuilles du haut, les épis, puis les grains est plus rapide.

Pour vous aider à bien ajuster la fertilisation azotée aux besoins du blé tendre, il existe des outils d'aide au pilotage telles que Farmstar ou Jubil.

 

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