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Quel sera l’après Potato Masters, en Beauce ?

Pomme de terre. La liquidation judiciaire de Potato Masters ébranle la filière beauceronne.

Cyrille Richard et Stéphane Varis, responsable des relations agricoles d’Agro 3D.
Cyrille Richard et Stéphane Varis, responsable des relations agricoles d’Agro 3D.
© Olivier Joly

Après la disparition de l’opérateur belge, Agro 3D, les producteurs beaucerons ont élaboré un plan de reprise.

Objectif : prendre la main sur un outil indispensable pour la pérennité de leurs entreprises.

 

Potato Masters laisse une ardoise de quatre millions d’euros

Installé à Tournoisis, Cyrille Richard exerce deux activités : il cogère avec son épouse une structure de stockage de pommes de terre de consommation de 5.500 t. Il est également point de collecte pour 11.000 t : déterrage, dégrenaillage, mise en palox et stockage. Sur l’exploitation ou ailleurs. Depuis 2004. Pour le compte de la société Potato Masters Rhône-Alpes. L’homme dirige également une entreprise de travaux agricoles pratiquant l’arrachage et le transport du lieu de production jusqu’au point de collecte. « L’après Potato Masters en Beauce » : c’est la préoccupation de Cyrille Richard.

 

Jusqu’à la fin de l’année dernière, ce groupe à capitaux belges se composait de trois entités : une unité de conditionnement et de commercialisation outre-Quiévrain ; une unité de stockage à Estrées-Deniécourt (Somme) ; une unité de conditionnement et de commercialisation à Tartaras (Loire). Or cet ensemble a été mis en liquidation judiciaire. Concernant l’unité forézienne, cela est intervenu le 21 janvier. Une liquidation judiciaire avec poursuite d’activité jusqu’en avril mais, le 11 février, le Tribunal de Commerce de Saint-Étienne a prononcé la liquidation pure et simple de l’établissement, fixant un délai jusqu’au 2 mars pour trouver un repreneur.

 

La rupture de l’accord

Les trente salariés ont été licenciés et, affirme Cyrille Richard, « personne n’a été payé pour la récolte et la prestation de service au titre de l’année 2014 ». Soit un préjudice de quatre millions d’euros pour les quarante producteurs beaucerons et leurs collègues des autres régions. « Nous sentions les choses venir depuis un an et, dès le mois de novembre et les premiers impayés, nous avons fédéré les producteurs afin de peser et de récupérer les créances. » Auprès des clients, en l’occurrence la grande distribution, et des banques. Via des référés. « Malgré une activité commerciale soutenue, il n’y avait pas d’argent dans les caisses. La société-mère de Potato Masters avait organisé un système de factoring destiné à faire remonter les fonds vers la Belgique : pour ne pas éveiller les soupçons, elle n’avait laissé que le strict nécessaire à ses filiales pour qu’elles payent leurs salariés et leurs charges sociales mais rien pour les fournisseurs. »

 

En avril 2014, Potato Masters et Pomuni, autre groupe belge, entamaient des discussions dans l’optique d’un rachat du premier par le second. L’opération était finalisée le 21 septembre suivant et même annoncée dans la presse. D’après Potato Masters, « Pomuni avait pris en charge la gestion journalière et opérationnelle du groupe ». Jusqu’à la rupture de l’accord le 13 décembre 2014. Cyrille Richard précise : « Pomuni avait récupéré toutes les activités commerciales par des mesures d’intégration dans le groupe Potato Masters. Conséquence, quand Pomuni s’est retiré, Potato Masters n’avait plus ni de client ni de fournisseur et sa trésorerie était exsangue. »

 

Des pièces manquantes

Début janvier, plusieurs créanciers regroupés autour de Cyrille Richard et d’Agro 3D (lire l’encadré) se sont associés pour proposer un plan de reprise. « La machine judiciaire a été lancée mais il y a eu des blocages dans l’envoi des documents. » Même topo pour accéder au site de Tartaras. « Nous avons attendu un mois et n’avons reçu l’autorisation que quelques jours avant la date-butoir : techniquement, il est impossible de déposer un dossier de reprise sérieux car il manque des pièces. » Par exemple, les contrats de travail… « Nous pressentons que Pomuni se trouve derrière tout cela dans le but de reprendre Potato Masters avec notre argent ! » Les quarante producteurs beaucerons lésés sont disposés à repartir avec Agro 3D dans le cadre d’une production de qualité sous contrat Prenium. Ne reste plus qu’à trouver un outil industriel pour donner sens au projet.

Cyrille Richard et Agro 3D : chronique d’une histoire commune

Agro 3D pratique la collecte et le négoce de pommes de terre de consommation : 35.000 t/an. En Beauce, cette entreprise marnaise, qui possède un bureau commercial à Gault-Saint-Denis (Eure-et-Loir), travaille avec une soixantaine de producteurs (contrats et négoce). Stéphane Varis, responsable des relations agricoles de l’entité, analyse : « Agro 3D et Cyrille Richard ont une histoire parallèle dans ce dossier : Cyrille Richard comme agriculteur, prestataire et stockeur ; Agro 3D en tant que collecteur de pommes de terre en Beauce et fournisseur de Potato Masters Rhône-Alpes. C’est cette histoire commune qui nous a fait nous rencontrer et défendre la même cause. Agro 3D collecte et commercialise des pommes de terre de qualité, avec une forte incitation financière sur les produits Premium, Cyrille Richard et le réseau de producteurs fournissant les produits. C’est le professionnalisme et la qualité de la production locale qui permettront de construire l’après Potato Masters dans la région. »

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