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« Ne pas alourdir une barque qui est en train de couler ! »

Lors de la session du vendredi 14 novembre, les élus agricoles ont crié haro sur les contraintes réglementaires. En présence du nouveau préfet du Loiret.

Les agriculteurs veulent un allègement des contraintes réglementaires pesant sur leurs épaules.
Les agriculteurs veulent un allègement des contraintes réglementaires pesant sur leurs épaules.
© Olivier Joly

«Il suffit d’une année moyenne pour se retrouver en difficulté : le système fiscal et social français n’est pas adapté à la production céréalière » : c’est le message qu’a délivré Jean-Michel Billault. Le Deuxième vice-président de la chambre d’agriculture s’exprimait lors de la session du vendredi 14 novembre. Président de la FDSEA et Premier vice-président de l’entité consulaire, Jean Daudin s’inscrivit dans la même lignée : «95 % des filières rencontrent des difficultés et l’ensemble des charges liées à la réglementation nous plombe : comment ne pas alourdir une barque qui est en train de couler ?»

Première secrétaire adjointe, Anne Mercier-Beulin souleva la question de l’emploi :
«L’agriculture est un secteur attractif : les jeunes veulent venir. Cependant, les agriculteurs ont peur d’embaucher car c’est compliqué. Au niveau de la FNSEA, nous nous battons sur le dossier de la pénibilité : cela n’est pas applicable dans nos petites entreprises.» L’oratrice fit allusion à l’apprentissage, «qui doit être revu». L’élue ajouta : «Il y a de moins en moins d’accidents dans le secteur agricole : nous sommes les premiers à faire attention. (…) Nous sommes prêts à ouvrir nos portes mais nous voyons arriver sur notre territoire des entreprises proposant un service clé en main mais ne respectant pas les normes administratives et sociales qui sont les nôtres : nous n’avons pas envie de cela !»

 

Les trames verte et bleue

Président de la chambre d’agriculture, Michel Masson reprit ces propos à son compte :
«Le discours serait le même à la chambre de commerce ou à la chambre des métiers. Des mesures ne coûtant rien à l’État pourraient être prises. Or à chaque fois que j’entends parler de simplification, cela se traduit par vingt pages supplémentaires dans le code du travail ! Trop de protection tue l’emploi. Dans notre société, la peur du gendarme a disparu mais pas celle du contrôleur ! Les agriculteurs veulent respecter la réglementation mais à condition que celle-ci tienne compte des réalités de notre métier.»

Une approche relayée par Jean-Jacques Hautefeuille à propos des trames verte et bleue : « Les bases scientifiques de cette réglementation ne sont pas établies et les relevés de terrain ne sont pas à la hauteur. Les élus locaux devront également être vigilants dans la façon dont ces aspects seront intégrés dans leurs documents d’urbanisme.» Avec Hervé Sevin, il fut encore question d’environnement : «Avec l’Agenda 21, certaines communes sont tentées d’en rajouter une couche.» Conséquence : la circulation des engins agricoles devient difficile et les agriculteurs sont contraints d’effectuer des détours pour se rendre sur leurs parcelles.
«Un manque de volonté politique pour l’entretien des rivières et des cours d’eau fait que leur état se dégrade. Or cela commence à déborder dans les exploitations et menace les habitations » poursuivit le professionnel de Boigny-sur-Bionne. «Un sujet sensible admit Michel Masson : il y a un minimum d’entretien à faire.» Au nom des irrigants, Jean-Marc Leluc en rajouta une couche : «Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux 2016-2021 est irréalisable par rapport aux activités économiques !»

L’esprit et la lettre

Cédric Boussin se fit l’écho des Jeunes Agriculteurs :
« L’agriculture est un beau métier et le Loiret offre une grande diversité de productions. Les jeunes agriculteurs représentent l’avenir mais, pour cela, il faut limiter les contraintes. Les gens qui s’installent sont compétents, formés et respectueux de leur outil de production. » Les discussions se poursuivirent avec cette prise de parole de Michel Masson : « Les corps sociaux et l’administration doivent travailler dans la sérénité et avec le sens de l’intérêt général. Or un certain nombre de choses nous empêchent de faire correctement notre métier. Il faut retrouver un peu de bon sens. Il y a l’esprit de la loi et la lettre : il faut en revenir à l’esprit. »

Michel Jau, le nouveau préfet du Loiret, assistait à la réunion et s’adressa à l’assemblée en ces termes : « Vous êtes une partie vivante de la France et de la République. Le syndicalisme agricole est une composante essentielle de notre démocratie. Votre profession est très bien organisée. Le syndicalisme agricole a un rôle de formation technique et humain. Vous ne vous plaignez pas, vous faites entendre votre colère. J’aime le mot paysan, qui rappelle nos racines. Certes il existe des difficultés mais les agriculteurs veulent vivre de leur métier et non des subventions : ces dernières ne constituent pas un cadeau mais une compensation des handicaps rencontrés. Les agriculteurs sont les premiers défenseurs de l’environnement : vous assurez l’entretien des zones rurales de notre pays. Nous ne serons peut-être pas toujours d’accord sur tout mais j’ai la volonté de travailler avec vous dans la confiance. »

Les services se mettent en quatre

En 2015, l’activité des services de la Chambre tournera autour de quatre axes : améliorer la compétitivité des systèmes de production des entreprises ; initier et accompagner les projets stratégiques des filières ; renouveler les actifs agricoles ;

améliorer la communication. Commentaire de Jean-Claude Prieur : «Je me retrouve dans ces quatre axes. Je suis attaché à la notion de filière, qui consiste à produire pour un marché.»
«Les anciens exploitants doivent être associés à la politique d’installation déclara pour sa part Martine Huger : en raison de notre connaissance du terrain, nous pouvons apporter notre aide.»

 

Un gage d’efficacité

Un plan de développement de la filière avicole est prévu. «Son succès repose sur un aval compétitif et en bonne santé» indiqua Jean-Jacques Hautefeuille. Jean-Willem Coppoolse apporta cette réponse : « L’abattoir de Blancafort va être repris par LDC et Glon-Sanders fournirait l’alimentation des animaux : pour nous, c’est une bonne surprise. » Réaction de Michel Masson : «Chacun retrouve son cœur de métier, ce qui est un gage d’efficacité. L’aviculture du Loiret et de la région Centre dispose des atouts pour faire quelque chose de performant. Reste à lever l’hypothèque du droit de la concurrence.»

Un diagnostic de l’existant

Jean-Claude Prieur se «félicita» de l’accord trouvé en espérant que cela « aille au bout ». L’élu ajouta : «Je suis d’accord pour développer la méthanisation mais il faut faire un diagnostic de l’existant. Quant au photovoltaïque, les contrats sont moins intéressants qu’à une époque. Cependant, dans le cadre des investissements pour les bâtiments d’élevage, cette technologie mérite d’être accompagnée.»

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