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Les grandes cultures, pierre angulaire des Cap’Filières

La politique de filières du Conseil régional s’articule autour des Contrats d’appui aux filières. Celui dévolu aux grandes cultures est animé par la chambre régionale d’agriculture. Lancé en 2011, il comporte plusieurs actions dans deux axes principaux.

© CA 45

Il existe quatorze Cap’Filières en région Centre. Un dispositif né en 2007 avec la viande bovine et les fruits. En 2008, d’autres filières sont entrées dans la danse. En 2010, ce fut au tour des semences et les grandes cultures les ont rejointes en 2011. Commentaire de Christophe Bersonnet, chargé de projets à la chambre régionale d’agriculture : « Cela s’est fait à la demande des professionnels. Les grandes cultures sont emblématiques de la région. Or il n’existait pas de Cap’Filière : un paradoxe. La profession agricole est intervenue auprès du Conseil régional, qui a accepté qu’il y ait un Cap’Filière grandes cultures. » Le pilotage du dispositif est assuré par le comité de filière, présidé par Jean-Pierre Leveillard, président de la chambre régionale d’agriculture. Les quatre partenaires sont l’État, le Conseil régional, la chambre régionale d’agriculture et la profession agricole (coopération, négoces, Instituts, etc.).

Le diagnostic de la filière a fait ressortir deux priorités : produire plus et mieux et changer l’image des grandes cultures. Le plan d’actions repose sur plusieurs axes : des projets concertés pour le développement durable des filières spécifiques en région Centre ; un développement de la complémentarité entre les filières animales et végétales ; l’expérimentation ; un travail sur la qualité des grains pour développer les filières de qualité ; le partage d’une vision d’une filière grandes cultures en région Centre source d’emplois, de produits de qualité et liée à ses territoires ; une optimisation de la gestion de la ressource en eau ; l’intégration de la biodiversité dans les stratégies d’entreprises ; un développement des usages non-alimentaires des grandes cultures. Les actions mises en œuvre visent, de manière non-exhaustive, les objectifs suivants : stimuler la production de protéines pour l’alimentation animale ou humaine ; développer les échanges paille/compost ; expérimenter des techniques agronomiques innovantes ; organiser des journées de filière grandes cultures, etc.

Des outils de collecte performants

Christophe Bersonnet explique : «Tous les partenaires constatent qu’on peine à recruter dans nos métiers. Dès qu’on touche à l’environnement, il y a pléthore de candidats. En revanche, on en trouve difficilement en production. Or il y a un chômage massif dans notre pays. Ce décalage résulte d’un défaut de communication dès l’école sur ce qu’est le travail sur une exploitation et dans les filières.» Si la réglementation peut sembler pesante, le chargé de projets renverse l’inconvénient : «Ce qui sort de nos filières, ce sont des produits de qualité.»

Le diagnostic de la filière a été mis à jour en 2014. Celui-ci confirme une baisse des surfaces de protéagineux. Au niveau des pratiques culturales, les constats sont les suivants : une bonne technicité des agriculteurs de la région ; du matériel performant ; des outils de collecte performants ; une présence de Groupements de Développement agricole structurée sur le territoire. Parmi les lacunes, retenons : un déficit d’outils de transformation ; une faiblesse du réseau ferré et du réseau fluvial. Conséquence : la circulation se fait par la route. De nouveaux enjeux ont été identifiés tels que la simplification des systèmes de production. Cela soulève la question de la diversification des assolements avec, à la clé, des problématiques agronomiques et économiques.

Christian Huyghes, de l’Institut national de la Recherche agronomique, constate : «L’agriculture est la catégorie socioprofessionnelle dont le niveau de formation a le plus progressé depuis vingt ans.» La profession s’est notamment appropriée les technologies de l’information et des communications ou encore la méthanisation. Christophe Bersonnet conclut en ces termes : «Le métier d’agriculteur consiste à travailler avec l’énergie d’une étoile sur terre, le soleil, et à rendre tout cela concret. Il faut rendre le métier attrayant et faire rêver nos jeunes !»

Expérimentations : irrigation de précision et irrigation de restriction

L’expérimentation constitue l’un des axes du Cap’Filière grandes cultures et l’irrigation en fait partie à travers deux sous-ensembles : l’irrigation de précision et l’irrigation de restriction. Commentaire de Thierry Bordin, de la chambre d’agriculture du Loiret : « En matière d’irrigation de restriction, notre but est de travailler à une optimisation de l’usage de l’eau en testant et en combinant tous les leviers possible et actuellement à notre disposition. » Citons : l’amélioration de la génétique (des variétés rustiques, moins sensibles à un stress hydrique) ; la caractérisation, culture par culture, des stades végétatifs où la plante est moins sensible à un stress hydrique avec, pour enjeu, une moindre consommation en eau ; des mises en culture à des périodes différentes dans une stratégie d’évitement : semer plus tôt avec des variétés précoces afin d’éviter la période la plus chaude (juillet/aout). Quant à l’irrigation de précision, Thierry Bordin explique les enjeux : « La conception et l’optimisation d’outils d’aide à la décision. » La validation expérimentale des OAD (drones, cartes de parcelles, etc.) s’inscrit dans ce cadre. L’amélioration du matériel d’irrigation est également recherchée.

Neuf variétés de maïs

Sept essais sont menés dont deux sont portés par la chambre d’agriculture du Loiret : l’un concerne l’irrigation de restriction et l’autre l’irrigation de précision. Dans le premier cas, l’irrigation se fait avec une rampe frontale et porte sur neuf variétés de maïs, divisées en trois gammes variétales de précocité. Bilan : « Deux variétés n’ont pas réagi à un confort hydrique. En revanche, d’autres ont valorisé l’augmentation de l’irrigation. » Si les rendements s’améliorent, quelle est en la conséquence sur le plan économique ? Sur la base d’un chiffre d’affaires de 130 €/t sur maïs, frais d’irrigation et de séchage déduits, le technicien fait cette analyse : « Sur 2013 et 2014, certaines variétés font de meilleures résultats en non-irrigué qu’en irrigué et se classent parmi le trio de têtes toutes variétés confondues. »

Un rendement de 108 q/ha

Concernant l’irrigation de précision, l’essai mené sur blé consiste à coupler matériel d’irrigation performant, régulation électronique, modulation de dose d’irrigation en fonction de la cartographie du sol avec les OAD, afin de faire des économies d’eau et d’optimiser les apports dans le but de gagner en rendement. Une plante témoin, non-irriguée, donne un rendement de 97 q/ha. La plante ayant reçu 30 mm d’eau monte à 107 q/ha. Enfin, dans un troisième cas, un apport de 10 mm permet d’obtenir 108 q/ha. «En fonction du type de sol, une modulation de l’irrigation est possible et sans perte de rendement analyse Thierry Bordin. Cette modulation, on peut la gérer grâce à l’OAD : celui-ci indique qu’elle est la date opportune pour irriguer afin d’optimiser l’apport.»

Notons que, tous les ans, ces différents essais font l’objet d’une synthèse, rédigée par Thierry Bordin et Francis Golaz, de la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir. Celle-ci est mise en ligne sur l’Internet collaboratif spécifique au Cap’Filière et son contenu est accessible à tous les partenaires du dispositif pour une diffusion auprès des agriculteurs de la région Centre.

Une enveloppe de 2.000.000 €

Entré dans sa dernière année d’application, le Cap’Filière grandes cultures est doté d’une enveloppe de deux millions d’euros, alimentée essentiellement par le Conseil régional. Le soutien aux actions est plafonné à 50 % de leurs coûts.

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