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Le sanglier, ennemi numéro 1 des agriculteurs

Agriculteur à Lorris (Loiret), Clément Quinton constate une recrudescence des sangliers dans son secteur, qui ravagent des parcelles entières.

C'est censé être un champ de blé, mais les sangliers sont passés par là.
C'est censé être un champ de blé, mais les sangliers sont passés par là.
© Doriane Mantez

Depuis trois années, Clément Quinton, agriculteur à Lorris, subit d’importants dégâts dans ses cultures, liés à la surpopulation de sangliers. Et cette problématique s’est accentuée ce printemps.

« C'est encore une année catastrophique, annonce-t-il. J’ai dû ressemer trois fois et j’ai déjà 60 ha de maïs détruits, 4 ha de blé, sans compter les 10 ha de prairies retournés cet hiver ».

L’année passée, il a déclaré 30 000 euros de dégâts et a dû ressemer jusqu’à quatre fois à certains endroits, notamment une parcelle de 15 ha ratissée à 100 % en quatre jours.

Bien évidemment, le maïs n’est pas la seule culture impactée par les dégâts de cochons, qui s’attaquent également aux prairies, aux semis d’été et d’automne. « Ils s’attaquent à tout ! Ils arrivent même à déterrer les betteraves et les pommes de terre… »

Lui qui a tué une quarantaine de cochons en 2019 n’est malheureusement pas le seul à subir cette pression des sangliers, qui sont également bien présents chez ses collègues voisins du secteur de Lorris et des environs. Sur certaines exploitations, plus de 50 % de la surface ensemencée en maïs a été détruite par les sangliers, malgré les clôtures, les tirs à l’affût, les tirs de régulation par le lieutenant de louveterie et les répulsifs.

« Tous les ans, la régulation des cochons me coûte entre 5 000 et 6 000 euros », précise Clément Quinton qui a déjà posé 6 km de grillage pour entourer une soixantaine d’hectares, et 6 km de clôture électrique. Celle-ci a été financée par la Fédération départementale des chasseurs du Loiret (FDC 45), mais posée par ses soins sans aucune aide financière (coût : 24 000 euros).

Bien que des conventions d’agrainage existent avec des chasses voisines dans le but de maintenir ces animaux en forêt, celles-ci ne semblent pas respectées.

« Tous ces moyens ne suffisent plus à réguler cette surpopulation », regrette l’agriculteur qui a aussi la crainte que les sangliers ramènent la peste porcine sur le territoire.

Les dégâts ont été expertisés par la FDC 45 et seront indemnisés sur la base d’un forfait couvrant le ­ressemis et la semence, les champs qui pouvaient être ressemés l’ont été et sont à nouveau détruits pour certains.

Clément Quinton précise que « cette compensation n’est pas une solution sur des proportions si importantes ». Selon lui, la compensation ne couvre pas l’ensemble du préjudice : le coût du ressemis est supérieur au forfait d’indemnisation, les semis tardifs entraînent une perte de rendement et une humidité à la récolte supérieure à la norme.

« Il y en a marre, on bosse pour rien, on perd des sous et beaucoup de temps », lance-t-il entre deux explications.

D’autres éléments sont ignorés, comme les pertes de contrats avec les organismes collecteurs, la qualité des ensilages, les difficultés à combler les besoins en fourrages, la problématique de l’enherbement pendant et après la culture du maïs, la remise en état des parcelles après récolte, l’usure prématurée, voire la casse, des matériels.

« Le manque à gagner pour nos exploitations est conséquent ! J’ai des volailles et une quarantaine de vaches à viande sur mon exploitation qui mangent 550 tonnes d’aliments par an. Avec les dégâts de cochons que je subis, je n’arrive plus à être autosuffisant. Cette année, j’ai dû retourner mes prairies à l’hiver. Je vais donc devoir trouver du foin ailleurs… »

Clément Quinton et ses voisins agriculteurs s’interrogent également sur le devenir des aides Pac sur ces surfaces détruites en cas de contrôle. « Si on le passe en SNE comme le préconisent certains, on ne touchera pas la prime non plus », affirme-t-il.

Inquiets vis-à-vis de la pérennité de leurs exploitations « très liée à la culture du maïs dans ces terres sableuses », l’agriculteur et plusieurs de ses confrères ont envoyé une lettre au préfet, en juin, pour lui demander de prendre ce dossier à bras le corps.

« Ce problème met à mal la vocation agricole des terres qui ne fait que reculer sur ce secteur de Lorris, répète le jeune homme. Après avoir mis en œuvre tous les moyens disponibles à notre niveau (clôture, répulsif, abandon du maïs dans les parcelles les plus exposées), nous lui demandons d’intervenir et de mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose pour régler ce problème dans la durée ».

Au travers de ce courrier, toujours sans réponse à l’heure où nous bouclons ces lignes, les agriculteurs ont indiqué leur souhait de « l’accueillir dans leurs fermes pour le rencontrer et lui exposer directement cette problématique ».

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