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Le pâturage dynamique tournant, effet de mode ou bonne pratique ?

La chambre d’agriculture du Loiret et Alysé ont organisé un troisième bout de prairie cette année. Plusieurs éleveurs se sont déplacés à Dammarie en Puisaye le matin et à Sully-sur-Loire l’après-midi, jeudi 3 mai.

© Sabrina Beaudoin


La chambre d’agriculture du Loiret et Alysé ont organisé un troisième bout de prairie cette année. Plusieurs éleveurs se sont déplacés à Dammarie en Puisaye et à Sully sur Loire, jeudi
3 mai et ont rencontré Anne-Aël Le Meur, conseillère fourrages à la Chambre et Jean-Claude Chupin, conseiller bovins lait et spécialiste nutrition d’Alysé. Cette opération a été menée sur l’ensemble de la zone Alysé. Ces groupes s’adaptent en permanence à l’actualité de la production fourragère. «Depuis début mars, les bouts de prairies ont attiré plus d’une trentaine d’éleveurs. L’objectif de ces journées est d’écouter chaque éleveur pour répondre à leurs problématiques  et questionnements» précise Anne-Aël Le Meur conseillère fourrages à la chambre d’agriculture du Loiret.
Le pâturage dynamique tournant est d’actualité. Les éleveurs cherchent des systèmes qui leur permettront de mieux s’en sortir et la mise à l’herbe revient à la «mode». Mais ce n’est pas qu’un effet de mode. En effet, passer par un système 100 % herbe ou même seulement 50 % herbe permettrait à un éleveur de faire des économies. « Nous avons plus de marge de progrès en herbe contrairement au système maïs. Dans un système 50 % herbe-
50 % maïs sur l’année, on a un prix de revient 320 € alors que pour du 100% maïs-pulpe sur l’année, celui-ci est de 374 €. En plus, on compte 4 % de plus de réussite en reproduction pour ceux qui sont en système herbe» débute Jean-Claude Chupin, conseiller bovins lait et spécialiste nutrition d’Alysé. « Le système 50% herbe a aussi une productivité/UMO supérieure de 30 % en volume produit par rapport au système conservé et supérieur de 50 % en MB/UMO.» poursuit-il.
Au GAEC de la Forêt, à Sully-sur-Loire, le pâturage est bien ancré. Depuis 3 ans, le GAEC pratique même le pâturage dynamique. « Avant nous mettions toutes les vaches dans un même grand champ. A l’entrée en pâture nous avions 30 litres de lait par vache et à la sortie plus que 20 litres. Il fallait trouver une solution » précise Robin Lachaux. La solution : couper la grande parcelle en plusieurs petites. « Nous avons vu une amélioration : moins de refus, moins de sortie du broyeur et au niveau de la lactation on gagne en cohérence » poursuit-il. Cette année, les premières vaches sont sorties le 4 mars et restent dehors jours et nuits. Ses 80 vaches laitières disposent de 22 hectares de pâtures. Elles restent une à deux journées dans le même parc.

Rappel : Pour lutter contre les chardons, il faut penser à intercaler un méteil (la vesce peut aider à étouffer cette pousse de chardon) ou alors insérer une céréale dans la rotation. Si vous souhaitez pouvoir traiter vos prairies les légumineuses sont à éviter à l’implantation.
L’herbe pâturée est le fourrage le plus économique qui participe à la maîtrise des coûts alimentaires des exploitations. 100 % herbe ou pas, l’important est d’être bien organisé. Pour cela, il faut réfléchir à l’aménagement de son parcellaire pour qu’il soit durable, accessible, efficace et confortable pour les animaux et l’éleveur !
Il faut donc penser à des paddocks adaptés, faciles d’accès et reliés à des points d’eau. Il faut aussi réfléchir à son système de clôtures, essentiel en pâturage.
Robin et son père évoquent d’ailleurs l’idée d’investir dans un quad pour installer les clôtures plus rapidement.
Le temps de passer dans une parcelle a son importance. C’est pour cela qu’il faut des petites parcelles pour que les vaches y restent moins longtemps. « Avec des petites parcelles, l’herbe est mieux consommées, les bouses sont mieux réparties dans le champ et on augmente la quantité de matières sèches à l’hectare. En effet, on fait pâturer les vaches dans la partie la plus riche, c’est à dire 2/3 feuillus et 1/3 tige » explique Jean-Claude Chupin. « Aujourd’hui, si les éleveurs se tournent vers le pâturage tournant dynamique c’est parce que c’est une évolution du système pâturage tournant qui offre plus de performance en limitant l’impact du tassement des  animaux avec des parcelles de 80 ares par vache dans le cas présent » souligne le conseiller bovins lait et spécialiste nutrition d’Alysé.

Il faut aussi savoir que l’on obtient 15 % de production en plus avec du pâturage tournant. Dans des conditions moins favorables, en pâturage tournant dynamique on ajoute encore
15 % supplémentaire. « On parle de pâturage tournant dynamique aussi lorsque l’on rencontre des problèmes de portance. Le temps de présence limité dans la parcelle réduit l’impact des sabots dans le sol. La prairie a une faculté de se refaire plus facilement car les vaches ne piétinent pas au même endroit » poursuit Jean-Claude Chupin. La base de cette technique est de pouvoir faire pâturer la vache au meilleur stade et en optimisant le potentiel de repousse de la parcelle. Cela permet également de rendre la prairie plus performante.
Pour la vache laitière, entrer dans un nouveau paddock chaque jour aiguise son envie de brouter. L’herbe est propre, fraîche, n’a pas été piétinée. Le refus est minimisé. Pour l’éleveur c’est aussi un plus car cela sécurise son équilibre de ration en limitant les variations d’ingestion à l’herbe.

« Quand on veut un système 100 % herbe, il faut compter, 20 ares par vache au printemps de disponible soit sur une parcelle 0,8 à 1 are par vache (22 parcelles nécessaires avec changement de parcelle quotidien). L’été, la pousse est moins dynamique, il faut compter le double de surface (et donc de parcelles). Bien souvent, l’éleveur va aussi ajouter les prairies qui ont été faites en foin au printemps. C’est valable pour des vaches allaitantes. Pour les vaches laitières, on va compléter davantage» indique Jean-Claude Chupin.
Il faut noter que la saison de pâturage s’allonge, elle commence début mars et se termine fin novembre dans des conditions climatiques normales.
Les vaches peuvent entrer dans les parcelles à partir de 12 cm à l’herbomètre (17 cm feuille tendue). Les vaches doivent sortir de la parcelle, à 5 cm. « Quand on est de 12 à 15 cm, nous avons une ingestion qui peut monter jusqu’à 20 UEL par jour à volonté donc on est capable de faire manger 22 à 23 kg de matières sèches soit 22 à 23 UFL. Lorsqu’on entre dans une parcelle à 20cm, il y a plus de tiges, il n’y aura plus que 14 UEL d’ingestion. Rentrer trop tard, n’est pas un bon calcul » assure Jean-Claude Chupin.
Si l’éleveur n’a pas d’herbomètre, il peut prendre un mètre normal mais il faut savoir que la hauteur au mètre c’est 3 à 4 cm en moins pour avoir la correspondance à l’herbomètre.

La chicorée est riche en tanin condensé (protéines) et a une fonction déparasitaire contre les strongles. La chicorée est avant tout un apport de protéines lentement dégradables qui améliore l’assimilabilité  de l’azote soluble de l’herbe.

Avec le pâturage tournant ou le pâturage tournant dynamique il est possible de réaliser de véritables économies (charge mécanique, achat de nourriture…) Bien sûr, la main d’œuvre reste nécessaire notamment pour poser les clôtures.
A noter que si un éleveur ne peut pas faire du pâturage (pas envie, parcelles trop éloignées…) il peut intégrer d’autres techniques, comme l’affouragement en vert ou de l’herbe conservées. Notons par exemple, que le méteil a une fonction agronomique, il est moins consommateur d’eau que le ray grass et permet de travailler le sol grâce à son mélange vesce et féveroles. Les génisses peuvent être alimentées à 100% en méteil, plutôt  20 % pour les vaches laitières. Lorsque le pâturage est difficilement réalisable, il est donc possible d’intégrer l’herbe via le méteil dans son système d’alimentation.
En termes de qualité du lait, il n’y a pas changement, il faut seulement compter sur une légère baisse du litrage à la mise à la l’herbe. « Se mettre au pâturage est un changement de cap pour une exploitation, ce n’est pas le même travail et une gestion différente. Nous avons la sensation que les éleveurs gérants de surface en herbe y voient un défi, celui de garder la main sur leur entreprise. Il n’y a pas que les animaux qui y prennent goût ! » assure la conseillère fourrages de la Chambre.

Qu’est ce que le Topping ?

Le topping est une pratique qui vise faucher la prairie alors que votre troupeau est au champ. Les animaux continuent de pâturer directement sur l’andin. L’éleveur fauche son paddock par exemple le matin puis fait consommer son herbe fauchée à même le sol dans la foulée. Dans l’andin, les vaches trient moins, il y a moins de gaspillage. « Le topping  est destiné à faciliter l’ingestion de l’herbe à des stades avancés entre 2 cycles. On fait consommer les andains au fil pour optimiser l’ingestion et éviter l’arrachage des plantes prairiales en période estivale. Ce procédé s’adresse à des animaux qui ont des besoins modérés comme les vaches allaitantes en fin de gestation ou des génisses laitières » précise Jean-Claude Chupin.

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