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L'unité de méthanisation Gâtinais Biogaz fait un premier bilan

Rencontre avec Jean-Yves Gardoni sur le site Gâtinais Biogaz à Château-Renard.

16 000 T de digestat liquide au lieu des 8 000 initialement prévues.
16 000 T de digestat liquide au lieu des 8 000 initialement prévues.
© Sabrina Beaudoin

L'idée de se lancer dans la méthanisation, Jean-Yves Gardoni l'avait depuis de nombreuses années. Mais seul, c'est un engagement difficile. C'est pourquoi, deux ans après sa propre réflexion, il parvient à convaincre un groupe d'éleveurs sur le canton de Château-Renard. Sur ce canton, les exploitations de polyculture-élevage (bovins lait, bovins viande, ovins viande, porcins, avicoles) résistent et se soucient de l'environnement. C'est dans cette optique qu'un groupe d'agriculteurs s'est formé en 2008. Ils sont 16. 16 exploitants agricoles associés appartenant à 11 exploitations agricoles et une entreprise de travaux agricoles spécialisée dans l'épandage. Cette association comprend 1 700 ha de grandes cultures, 2 élevages bovins laitiers, 5 élevages bovins allaitants, 2 élevages ovins allaitants, 1 élevage avicole et 1 élevage porcs - engraisseur.

Mais tout ne s'est pas fait en un jour ! A l'aide d'un cabinet spécialisé, le groupe a réalisé une étude de faisabilité. Et après des résultats concluants, le projet d'unité de méthanisation de Gâtinais Biogaz sur la zone d'activité de Pense-Folie à Château-Renard est enfin lancé. La Société par Actions Simplifiées, SAS, est créée en 2009 avec un capital social de 405 kEUR. «Nous n'avons pas d'investisseur, ce sont nos propres capitaux. Il n'existe pas de structure équivalente à la nôtre» explique Jean-Yves Gardoni, président de Gatinais Biogaz. Toutefois, l'unité de méthanisation a reçu quelques subventions, bien loin des 50 % d'aides prévues aujourd'hui pour le lancement d'un tel projet. Le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du Territoire dans le cadre du Plan de relance du gouvernement a aidé la SAS à hauteur de 375 000 EUR, l'Europe et la Région Centre, à hauteur de 400 000 EUR, le conseil général du Loiret à hauteur de 146 250 EUR et la communauté de communes de Château-Renard à hauteur de 200 000 EUR. Les associés ont emprunté 2 830 000 EUR.

Plus de 20 000 tonnes de déchets valorisés

L'unité de méthanisation fonctionne concrètement depuis octobre 2012 et valorise près de 20 000 tonnes de déchets. Ce sont à peu près 57 t/jour qui sont valorisés. On compte 11 670 tonnes de gisements d'origine agricole (effluents d'élevage, paille, déchets de céréales, cultures Intermédiaires) 3 500 tonnes de gisements provenant des collectivités locales (Boues biologiques de stations d'épuration, graisses de stations d'épuration urbaine, déchets de bacs à graisses de restaurants, déchets alimentaires) et près de 5 000 t/an de déchets industriels. On compte une diminution du gaz à effet de serre (CO2) de 1700 t/an soit l'équivalent de 800 véhicules de tourisme.  La méthanisation est un procédé biologique permettant de valoriser des matières organiques en produisant une énergie renouvelable et un engrais. L'avantage de la SAS Gâtinais Biogaz, c'est la collecte des déchets organiques. Les exploitations agricoles de la société apportent leur propre lisier et fumier. Mais elles ne sont pas les seules. Des industries agro-alimentaires et collectivités locales se sont également engagées à recycler leurs déchets organiques via l'unité de méthanisation. Le moteur d'une puissance de 600 kWélec produit 9926 MWh par an, dont 4320 MWh/an d'énergie électrique et 5606 MWh/an d'énergie thermique.

Le biogaz est transformé par cogénération en énergie sous forme d'électricité et de chaleur. L'électricité sera revendue à Edf, à 16 centimes d'euros dont 4 centimes pour l'efficacité de la valorisation thermique. L'unité optimise aussi la valorisation de la chaleur produite grâce à une unité de séchage polyvalente. « A plus long terme, l'unité a pour projet de valoriser sa chaleur pour chauffer certains bâtiments publics tels que la piscine ou le gymnase du collège » précise Jean-Yves Gardoni.

Plus de charges que prévues Pourtant, même si tout roule, Jean-Yves Gardoni n'est pas satisfait. En effet, les comptes ne sont pas excellents et pour le moment, il ne proposerait à personne de se lancer dans la méthanisation... « Je me sens un peu mal pour les gars qui sont dans l'aventure avec moi parce que ce n'était pas ce qu'on a vendu au départ. On est loin de gagner de l'argent avec la méthanisation. Notre modèle économique n'est pas si bon. Nous avons plus de charges que prévues. Il nous manque 15 % de notre capacité pour être mieux qu'à l'équilibre » explique le président Jean-Yves Gardoni.

Trop de matières liquides à exporter

L'unité de méthanisation est totalement indépendante des exploitations des 16 associés. Elle fonctionne comme une entreprise et doit prendre tout en compte. C'est là où réside la plus grande difficulté... « Pour les exploitations seules, la méthanisation peut être rentable car ils ne comptent pas tout comme le transport des matières. Quand on est agriculteur, il y a plein de choses que l'on ne compte pas. Pour notre unité de méthanisation, c'est compliqué d'avoir un bon équilibre. Il y a des choses que l'on n'avait pas pris en compte » avoue Jean-Yves Gardoni. « Le digestat liquide est la grosse problématique car nous en avons beaucoup plus de matières liquides à exporter que prévu et l'épandage coûte cher. Enfin surtout le déplacement de l'unité au champ. Nous avons 16 000 T de digestat liquide à épandre alors que nous en avions prévu 8000 au départ. Nous avons à peu près 40 000 euros de dépenses supplémentaires, ce qui nous met dedans » précise Jean-Yves Gardoni.

Tous les 16 exploitants ne s'investissent pas à part entière. Cinq des 16 associés se rendent régulièrement sur le site et deux emplois à plein temps et un à temps partiel  ont été créé pour gérer le site. « Nous avons 100 000 euros de charges salariales donc ce que l'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre. Une exploitation agricole à côté de l'unité de méthanisation c'est de la rigolade à gérer » poursuit le président de Gâtinais Biogaz.

L'unité de méthanisation prévoit un retour sur investissement subventions comprises dans 9 à 10ans.

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