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Grêle
Les agriculteurs interpellent l’Etat sur le terrain

Sur une exploitation yvelinoise dévastée par la grêle tombée la semaine dernière, les agriculteurs ont sommé les autorités présentes de mettre en place des mesures d’urgence adaptées à l’exceptionnalité de la situation.

Maïs grélé.
Maïs grélé.
© Vincent Motin

Vendredi 13 juin, représentants agricoles et politiques se sont rendus à Aubergenville, dans les Yvelines, sur les terres de Bernard Guidal qui a vu 100 % de ses cultures maraîchères et jusqu’à 60 % de ses céréales détruites par la grêle lors des intempéries de la nuit du 8 au 9 juin. L’agriculteur évalue la perte sur le chiffre d’affaires entre 130 000 et 150 000 €. « D’habitude, on passe toujours plus ou moins entre les gouttes, mais c’est vraiment la première fois que la grêle tombe partout », commente-t-il. « Une situation que même nos grands-parents n’ont pas connue ! », ajoute un arboriculteur de la région devant le préfet des Yvelines, Erard Corbin de Mangoux, surpris par l’ampleur des dégâts. Au-delà de la perte immédiate, « il y a, à plus long terme, le risque de perdre les clients avec qui on est engagé », explique Christophe Hillairet, président de la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France. Et ce qui pourrait être sauvé ne trouvera pas preneur auprès des distributeurs qui recherchent des produits sans défauts, bien calibrés : sur cette exploitation, la grêle a stoppé la croissance des oignons blancs et abîmé les radis. « Mais de la grêle, pourtant, vous en avez tous les ans ? », s’étonne encore le préfet. « Quand ce sont des balles de tennis qui tombent sur un terrain, ça ne s’appelle plus de la grêle ! », répond Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA. Dans la région, même les filets anti-grêle n’ont pas résisté à la violence des intempéries. « Il s’agit vraiment d’une situation exceptionnelle », ajoute-t-il. En Ile-de-France, plus de 50 % des producteurs ont été impactés, ce qui représente environ 300 exploitants, touchant toutes les cultures spécialisées qui sont quasiment impossibles à assurer. Système assurantiel inadapté Et si le ministre de l’Agriculture s’est dit « mobilisé » face à la situation, les mesures évoquées ne concernent pas ce qui est assurable, notamment les pertes de récolte liées à la grêle. Or, le système assurantiel n’est pas adapté : pour le maraîchage, les primes montent à 12 % du capital. « Il n’y a pas de réalités économiques à assurer ça, alors qu’est-ce qu’on fait M. le préfet ? », demande Damien Greffin, président de la FDSEA Ile-de-France, qui juge « la réponse de l’Etat intolérable aujourd’hui ». Certaines cultures comme les salades ne peuvent même pas être assurées, reconnait Daniel Collay, vice-président de la fédération nationale Groupama. Comme l’explique Luc Smessaert au préfet, les agriculteurs travaillent depuis quelques années, en lien avec les assureurs, l’Etat et les filières, à mettre en place un système d’assurances plus accessible. Il y a un réel besoin de mutualisation pour rendre les contrats plus attractifs. « On travaille à un contrat socle assurance coups durs », ajoute M. Collay, « mais il faut que ces produits soient subventionnés pour être rentables ». « L’Etat doit jouer son rôle de réassurance, les assureurs ne sont pas non plus des philanthropes », renchérit Damien Greffin. Le préfet acquiesce sur la nécessité de travailler à élargir le nombre d’assurés, et assure être « mobilisé pour trouver des solutions adaptées ». Pour la situation présente, « il faut un diagnostic le plus précis possible » quant à l’étendue des pertes, ajoute-t-il. Néanmoins, la rapidité est de mise, sachant que les agriculteurs ont besoin de récolter ce qu’ils peuvent ou de replanter au plus vite sur les champs dévastés. L’urgence pour l’instant est de « faire reconnaitre la situation comme calamité agricole, mais de façon collective », rappelle Luc Smessaert, et de trouver les lignes spécifiques sur lesquelles mobiliser des fonds pour indemniser les agriculteurs. L’enjeu à plus long terme est aussi de maintenir des exploitants dans les zones très urbaines comme l’Ile-de-France, et de ne pas décourager les installations déjà difficiles en culture spécialisées. « Avant, il y avait des hauts, des moments où l’on pouvait mettre de l’argent de côté pour les coups durs. Aujourd’hui, en agriculture, il n’y a plus que des moyens et des bas », résume Bernard Guidal avec une pointe d’amertume.

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