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Entreprise
France Pilté greffe 270.000 rosiers par an

Quatre cent cinquante variétés figurent au catalogue du multiplicateur de Quiers-sur-Bezonde, à la recherche du rosier idéal.

«Quand on plante cent porte-greffes, on aura une cinquantaine de rosiers de premier choix à vendre en fin de culture» explique Jean-Marc Pilté, rosiériste à Quiers-sur-Bezonde. « En culture de pleine-terre, on a beaucoup de pertes. » Un phénomène jugé normal. Le processus commence par la plantation de porte-greffes, qui sont des rosiers sauvages, en avril ou mai. En juillet/août, les rosiers sont greffés : on prélève un bourgeon qu’on glisse sous l’écorce du rosier sauvage.«C’est une greffe à œil dormant commente le professionnel : le bourgeon ne doit pas pousser mais simplement se souder. » Au mois de février, toute la partie située au dessus de la greffe est coupée et le bourgeon se met à pousser. En mai, ce dernier est taillé, de façon à créer des ramifications. Plusieurs tailles ont lieu. «L’objectif consiste à faire des branches car leur nombre détermine la qualitédu produit.» Ainsi, du premier choix contiendra au minimum quatre branches. Et, pour de l’extra, il y aura entre cinq et six branches. «Pendant cette période de l’été où le rosier fait des branches, on l’entretient : engrais si nécessaire, arrosage, etc.»

L’arrachage se produit entre octobre et novembre. «On arrache toute la parcelle et on stocke en chambre froide.» La température y est d’environ un degré. L’hydrométrie doit également être à son maximum : 90%. «Le dessèchement constitue le principal ennemi du rosier arraché. D’où un arrosage très fréquent une fois que celui-ci est mis en palette.» Une opération manuelle : une personne passe avec un tuyau. «Rien ne vaut le savoir-faire de l’être humain » juge notre interlocuteur.

 

Les rosiers à racines nues sont soit vendus tels quels (20% des débouchés) soit mis en pot et prennent la direction de jardineries (80% des ventes). «Dans le premier cas, cela coûte moins cher car il y a moins de travail. Mais c’est un produit plus technique car il faut y faire attention.» Précisons que le produit est vendu à des professionnels. «Dans le deuxième cas, on a un produit fini sous les yeux et c’est plus facile à utiliser pour le particulier : on est certain que la racine ne dessèche pas.»

Une rotation de sept ou huit ans

L’exploitation s’étend sur quatre-vingt-quatre hectares dont six ou sept sont dédiés à la production de rosiers. Or ces derniers nécessitent une rotation de sept ou huit ans minimum. «Cela nous oblige à tourner entre les parcelles. On procède aussi à des échanges entre agriculteurs.» En cause, la fatigue des sols : « Le rosier est une plante assez gourmande :
il puise les éléments minéraux nécessaires à sa croissance et, si on replante un rosier, le second se trouvera en carence minérale. En revanche, rien n’empêchera de faire d’excellentes cultures céréalières. » Et un particulier doit respecter la même règle : ne jamais replanter des rosiers au même endroit. Ou alors changer la terre.

«Si nous sommes des multiplicateurs, nous ne faisons aucune création variétale. La seconde est un métier spécifique et il rare qu’on soit obtenteur et multiplicateur en même temps, sauf pour les plus grands : Meilland, Delbard, etc.» L’entreprise travaille avec une douzaine d’obtenteurs européens : ceux-ci donnent leur accord pour multiplier des variétés et, en contrepartie, l’opérateur verse des royalties : de 90 centimes à 1,50€ par rosier vendu. Quatre cent cinquante variétés figurent au catalogue du rosiériste. «Une gestion de gamme contraignante car il ne faut pas faire de mélange : la pureté variétale doit être maintenue.» Parmi les tendances fortes du marché, l’aspect olfactif occupe une place majeure. «Il existe de belles variétés mais qui ont un faible parfum : celles-ci  sont boudées par les consommateurs et c’est un peu dommage.» Le professionnel poursuit : «Les obtenteurs cherchent à créer des variétés qui plaisent aux consommateurs : d’où des variétés fortement parfumées, tant en intensité qu’en diversité.» Or, reconnaît Jean-Marc Pilté, «le monde du parfum est nouveau pour nous ». L’été prochain, l’entreprise fera venir des nez: «Nous leur fournirons des roses et ils nous feront des descriptions.» À titre d’exemple, les parfums aux fruits exotiques ont la cote…

 

Une référence allemande

La résistance aux maladies constitue un autre critère de commercialisation. Pour cela, il existe différents labels, dont ADR, une référence allemande. Sur l’ensemble des variétés
produites par l’entreprise Pilté, une trentaine possède une norme qualitative.

Par ailleurs, l’entité est inscrite dans un projet de filière visant la certification Label rouge. « L’enjeu : garantir au consommateur un produit de qualité supérieure. » Un travail est mené avec l’Institut national de l’Origine et de la Qualité avec l’objectif que le processus aboutisse en 2015. «Nous nous engageons à respecter certains procédés de production. » Par exemple, les rosiers devront donner d’excellents résultats au jardin. « On cherche le rosier idéal.» Pour l’instant, quatre-vingts variétés ont été présélectionnées par un jury d’experts.

Le projet est porté par une vingtaine de rosiéristes français. Ceux-ci sont soutenus par les obtenteurs, le secteur de la distribution spécialisée et les associations de consommateurs. D’ici l’automne prochain, l’entreprise loirétaine espère également obtenir la certification Plante bleue. Principalement liée à l’environnement, celle-ci suppose de réduire les intrants, de procéder au tri sélectif des déchets, etc. « C’est déjà un fonctionnement normal de l’entreprise mais nous voulons pouvoir le dire et le montrer. » Une telle démarche suppose que tous les acteurs de l’entité se sentent impliqués. Jean-Marc Pilté indique quelle sera sa méthode : «Ce ne sont pas des choses que nous allons imposer mais que nous expliquerons.» Cela se traduira par la définition d’objectifs puis par un passage à l’action. Un premier audit est prévu ce mois-ci. «Le monde du rosier est en perpétuelle évolution : c’est un univers très dynamique !»

L‘entreprise en un coup d’œil

- Dénomination : France Pilté.

- Localisation : Quiers-sur-Bezonde.

- Forme juridique : EARL (depuis 1993).

- Gérants : Jean-Marc et Patrice Pilté.

- Chiffre d’affaires : 1.400.000 €.

- Effectifs : neuf permanents et deux saisonniers en équivalents pleins-temps.

- Activité : production de céréales (3 %) et de rosiers (97 %).

- Volume : de 130.000 à 150.000 rosiers greffés chaque année. Plus 120.000 en sous-traitance.

- Prix de vente public : rosier buisson à racine nue : de 5 à 10 €. Pot : environ 20 €.

- Débouchés commerciaux : jardineries (80 %). Le reste : pépiniéristes, paysagistes et collectivités locales. L’entreprise est référencée nationalement auprès de Truffaut.

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