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Assises régionales
Un gisement de 50.000 emplois dans le tourisme

L'emploi constituait le thème central des Assises régionales du tourisme. En région Centre, l'activité génère trois milliards d'euros de consommation par an et 35.000 emplois.

Les Assises régionales du tourisme avaient lieu le mercredi 19 février à Orléans dans les locaux de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Loiret. François Bonneau, président du Conseil régional, ouvrit les travaux : « Nous travaillons sur une matière rare et d'une grande richesse : la nature et la culture. Celles-ci identifient notre région. Nous sommes à la conjonction de deux éléments qui fédèrent la passion de nos concitoyens. »

Le Centre est la onzième région touristique de France. Mais si on occulte les territoires montagnards et littoraux, notre région arrive en deuxième position, derrière l'Alsace. Une manière, pour le chef de l'exécutif régional, de souligner l'impact de la Loire à vélo : « En son temps, c'était un concept innovant. Aujourd'hui, l'objectif consiste à aller plus loin : la Région à vélo. L'axe ligérien entraîne toute la région dans son sillage. »

Comment développer l'emploi dans le tourisme, qualifié de filière d'avenir ? Ce fut le thème d'une table ronde. Christian Gilquin, rapporteur de la Mission Nogué et directeur du Pôle d'Échanges, de Ressources et d'Informations sur la Pluriactivité et la Saisonnalité (Péripl), expliqua les enjeux : « Garder les touristes français et étrangers. » Au niveau national, les besoins en main-d'oeuvre sont estimés à 50.000 postes : « Un gisement d'emplois qui fait rêver le gouvernement ! »

95 % des entreprises sont de très petites unités avec des effectifs moyens de quatre salariés. Christian Gilquin posa la question suivante : « Comment leur donner les moyens de mieux gérer leurs ressources humaines ? De mieux embaucher et de trouver du personnel qualifié ? D'anticiper ? Dans le tourisme, on fait facilement des investissements pour les infrastructures mais pas pour les ressources humaines : on risque de butter sur l'attractivité des métiers et sur la qualité du service. »

Une ouverture à l'autre

Le Centre de Formation des Apprentis (CFA) de Tours forme entre six cents et sept cents personnes par an aux métiers de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme. Les formations vont du CAP au BTS. Commentaire de la directrice de l'établissement, Christine Lecoq-Sureau : « Des jeunes viennent avec un projet de niveau V (NDLR : CAP) puis reprennent goût aux études. Nous avons des publics très hétérogènes. Le taux de placement est très bon et 80 % des personnes que nous formons restent dans le métier même si elles bougent beaucoup. »

Christian Gilquin mit en avant « une difficulté au niveau de la formation initiale et continue ». Et l'intervenant de préciser : « Il faut former nos jeunes à l'anglais et aux autres langues. Idem pour les réseaux sociaux. Sinon, nous n'aurons pas la réponse adaptée dans un monde qui bouge. Faire venir un touriste, c'est bien. Mais le véritable défi consiste à le faire revenir ! »

Yvan Saumet, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Loir-et-Cher, dressa ce constat : « Les jeunes qui sortent des écoles de tourisme possèdent un savoir-faire mais pas un savoir-être. D'où une incapacité à promouvoir de nouveaux services. » Rattachée à la CCI, l'École de commerce et de service du Val de Loire propose une formation aux métiers du tourisme. Un cursus d'un an s'adressant aux personnes titulaires d'un BTS. La moitié de l'année prend la forme de stages en entreprise. « 50 % de nos jeunes sont issus d'une formation liée au tourisme. L'autre moitié provient d'autres horizons. Nous leur apprenons à parler anglais, à tenir un micro en public, etc. »

Si les jeunes maîtrisent insuffisamment la langue de Shakespeare, Christine Lecoq-Sureau tenta d'expliquer pourquoi : « Beaucoup d'entre eux n'ont pas voyagé : ils ne voient pas l'intérêt de l'anglais et manquent de confiance vis-à-vis de celui-ci. » La directrice du CFA de Tours ajouta : « Une ouverture à l'autre et à sa culture doit se mettre en place dans nos structures et il ne faut pas voir cela uniquement en termes de coût. »

De Beauval aux Ménuires

L'hôtellerie du zoo de Beauval (Loir-et-Cher), qui emploie plusieurs centaines de personnes, et un grand établissement des Ménuires (Savoie) ont passé une convention par laquelle certains collaborateurs estivaux de la première entité vont travailler dans la célèbre station de sports d'hiver au moment des neiges. Réaction de Taleka Trémouilles, secrétaire nationale de Réso France et présidente de Réso 37-49 (groupement d'employeurs) : « Ceux qui font cela, ce sont des saisonniers. Or tout le monde ne peut pas s'adapter partout. Ce sont des jeunes qui sont sans enfant et qui ont envie de bouger : le temps partagé ne peut pas durer éternellement. »

Sur ce point, Christian Gilquin apporta une nuance : « Plutôt que d'enfermer les gens dans des CDD, il faut leur proposer des CDI à temps-plein : l'employeur et le salarié y trouvent leur intérêt. » L'industrie française du tourisme emploie 700.000 saisonniers. L'agriculture, elle, en emploie 800.000 mais sur des périodes plus courtes.

Depuis dix ans, la moyenne d'âge des saisonniers a augmenté de cinq ans et se situe à 35 ans. « Certains s'installent dans la saisonnalité, par choix ou par défaut » expliqua le directeur du Péripl. Qui ajouta : « Si on veut organiser l'emploi et le structurer, il faut tenir compte d'un certain nombre d'éléments. » Notamment, comment faire garder ses enfants lorsqu'on travaille en horaires décalés ? D'où cette question : dans quelle mesure les collectivités locales peuvent-elles mettre des équipements à disposition avec le personnel qualifié pour les faire fonctionner ?

«  Ce qui est important, c'est qu'il n'y ait pas de rupture dans l'emploi » déclara le président de la CCI du Loir-et-Cher. « Le tourisme se sauvera s'il s'ouvre à d'autres secteurs » s'exprima Christian Gilquin, qui faisait allusion aux transferts de compétences.

Le mot de la fin revint à François Bonneau : « Il faut que notre tourisme soit typé. » Ce sera à travers la marque Val de Loire. Celle-ci englobe les départements de la région Centre ainsi que la Loire-Atlantique en « fédérant les acteurs. » « Le concept Val de Loire marquera autant que la Provence, la Côte-d'Azur ou d'autres destinations. Nous sommes à la veille d'une nouvelle étape du développement du tourisme dans notre région. »

Le tourisme régional en chiffres

 

L'activité touristique en région Centre génère trois milliards d'euros de consommation par an et 35.000 emplois, dont plus de huit sur dix sont des salariés. Cela représente 3,5 % de l'emploi salarié régional. La moitié de l'emploi touristique salarié se concentre dans l'hôtellerie et la restauration. Le Centre est la onzième région française avec 2,7 % des emplois salariés touristiques de France métropolitaine.

L'offre touristique régionale représente plus de 4.000 établissements d'hébergements marchands pour une capacité de 130.000 lits. Près de la moitié des lits est en hôtellerie de plein air (49 %) et 29 % en hôtellerie. L'offre d'hébergement non marchand représente plus de 400.000 lits en résidences secondaires. On compte également cinq cents sites ouverts au public (monuments, sites de loisirs et musées).

79 EUR par jour et par personne

En 2012, on a enregistré sept millions de nuitées dans les hôtels et campings de la région, dont 71 % de nuitées françaises. Les principales clientèles étrangères étaient néerlandaise, anglaise, allemande, belge et américaine. 8,7 millions de visiteurs avaient été comptabilisés dans les monuments, sites et musées de la région, dont 4,4 millions dans les quatorze monuments de la démarche d'excellence des grands sites. La fréquentation était concentrée sur le Val de Loire (3/4 des nuitées régionales en hôtels et campings).

Les touristes dépensent en moyenne 66 EUR par jour et par personne avec des disparités selon les clientèles : 59 EUR pour les Français et 79 EUR pour les étrangers. En 2013, la tendance était à la stabilité des nuitées en hôtels et campings avec une baisse des nuitées françaises et une nette progression des nuitées étrangères. Notons le retour marqué des Américains.

Également l'an dernier, 853.000 cyclistes ont emprunté la Loire à vélo pour un total de 25,4 millions de kilomètres parcourus. Retombées économiques directes : 18,4 millions d'euros dont 12,6 millions en région Centre.

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